L’Italie épinglée sur les IVG par le Comité des droits de l’homme de l’ONU

Par
Publié le 05/04/2017
Article réservé aux abonnés

En 2016, l’Italie était épinglée par le Conseil d’Europe qui lui reprochait de ne pas appliquer pleinement la loi adoptée en 1978 sur l’avortement.

Un an plus tard, rebelote, le Comité des droits de l’homme de l’ONU vient d’infliger un carton rouge à la péninsule pour les mêmes motifs. Pour cette instance, la situation italienne « est inquiétante en raison du nombre toujours plus élevé de médecins objecteurs de conscience ». Dans son rapport, le comité onusien souligne également la recrudescence en Italie d’avortements clandestins, un phénomène inquiétant en raison des risques parfois mortels encourus par les femmes. « L’État doit intervenir au plus vite en adoptant les mesures nécessaires pour garantir le droit à l’avortement en toute légalité », estime le Comité des droits de l’homme.

70 % de gynécologues objecteurs de conscience

Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Santé italien, plus de 70 % des gynécologues sont objecteurs de conscience. Toujours selon le ministère, le nombre d’IVG a diminué de moitié durant les vingt dernières années en raison de l’augmentation du nombre de praticiens qui refusent l’avortement. En 1983, le ministère de la Santé a recensé 233 986 interruptions volontaires de grossesses contre 131 216 en 2014. Dans ce rapport, l’Italie est également accusée de ne pas respecter la parité des droits entre couples hétérosexuels et homosexuels en termes d’adoption et de fécondation artificielle. Deux points essentiels du débat en cours depuis deux ans au Parlement italien, les partis proches des mouvances catholiques refusant le débat.

Droits des homosexuels

« L’Italie doit permettre aux couples gays d’adopter des enfants y compris les enfants biologiques de leurs partenaires et garantir aux enfants vivant dans des familles homosexuelles, des droits identiques à ceux garantis aux enfants vivants dans des familles hétérosexuelles », estime le conseil onusien. Cette instance souligne aussi les lacunes importantes du dispositif sur les unions civiles adopté par le Parlement en 2016, le refus de l’accès « aux techniques de fécondation in vitro pour les couples gays discriminant les homosexuels ». Or ces recommandations risquent de rester lettre morte. En mars dernier, la décision historique prise par un juge florentin qui a reconnu un couple homosexuel comme les parents de deux enfants adoptés a fait sursauter une partie de la classe politique ancrée sur une position de refus. D’ici à la fin de l’année, l’Italie devra présenter un rapport sur les IVG au Conseil d’Europe. Avant, elle devra répondre au Comité des droits de l’homme de l’ONU.

De notre correspondante Ariel F. Dumont

Source : lequotidiendumedecin.fr