Masque chirurgical vs "FFP2" : ce que dit vraiment l'étude alibi du gouvernement

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Publié le 06/03/2020
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Masques FFP2

Masques FFP2
Crédit photo : GARO/PHANIE

Le Pr Jérôme Salomon le martèle depuis plusieurs jours : « il a été scientifiquement confirmé que s’agissant du coronavirus COVID-19, les masques dit chirurgicaux ont une efficacité équivalente à celle des masques spécialisés ». Alors qu’il est désormais acquis que les équipements de protection de type FFP2 seront réservés à certains soignants hospitaliers, le directeur général de la santé tente de rassurer ceux qui devront se contenter de masques « bleus », citant notamment « une étude du Jama qui vient d’être publiée ».

L’étude en question date en fait de septembre 2019. Elle a effectivement comparé la protection conférée par les deux types de dispositifs mais principalement vis-à-vis de la grippe et non du COVID 19.

Aucune différence significative dans la protection contre ... la grippe

Mené par Lewis J. Radonovich et al., cet essai randomisé a suivi entre septembre 2011 et mai 2015 près de 4 000 soignants de structures de soins ambulatoires américaines. Chaque année, ces professionnels ont été invités à porter soit un masque chirurgical soit un appareil de protection respiratoire (N95 équivalent au FFP2) pendant les 12 semaines de pics d’infections respiratoires virales. Le principal critère de jugement était l’incidence des cas de grippe confirmés en laboratoire. Sur les 4 années de suivi, 207 cas d’infections grippales confirmées ont été recensés dans le groupe masque N95 versus 193 dans le bras masque chirurgical (OR 1,18 [IC 95 %, 0,95-1,45]). Concernant les autres infections respiratoires (critère secondaire) 1 556 cas ont été observés dans le groupe masque chirurgical vs 1 711 avec les dispositifs spécialisés.

Ainsi, « chez les personnels de santé ambulatoires, les respirateurs N95 n'ont entraîné aucune différence significative dans l'incidence de la grippe par rapport aux masques médicaux » concluent les auteurs.

Transmission “ gouttelettes “

Ces résultats sont-ils extrapolables au COVID-19 ? Pour le Pr Jérôme Salomon la réponse semble entendue. Et dans la mesure « où nous sommes face à une transmission gouttelette et non à un virus qui est présent dans l’air », le port de masque chirurgical serait suffisant pour protéger les soignants sauf situations à risque d’aerosolisation.

Un argument auquel semble également adhérer la Société française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) qui a changé ses recommandations le 4 mars. Elle considère désormais que « dans le cadre du SARS-CoV-2, le port d’un masque chirurgical limite l’exposition des soignants aux gouttelettes potentiellement infectieuses du patient ».

De même, dans son rapport du 27 février, l’OMS préconise l’utilisation du masque chirurgical pour les « agents de santé impliqués dans la prise en charge directe des patients » et réserve les masques spécialisés pour les situations à de risque d’aérosolisation.


Source : lequotidiendumedecin.fr