Décision Santé-le Pharmacien Hôpital. Quel sera l’impact des GHT sur la pharmacie hospitalière ?
Mireille Jouannet. Les hôpitaux doivent rendre leur copie concernant le projet médical avant le 1er juillet. Les états d’avancement sont variables selon les territoires. Il faut toutefois préciser que le projet médical englobe le projet pharmaceutique de territoire. D’où la nécessité de connaître les grandes orientations de nos confrères médecins avant de mettre en avant nos priorités. De plus, la réalité des GHT est très différente sur le terrain selon que les regroupements incluent deux à vingt hôpitaux. Dans certains cas, le GHT recoupe même le territoire d’une ancienne région. D’autres paramètres doivent être pris en compte comme l’inscription dans une zone urbaine, rurale ou de montagne. Face à cette variété de situations, l’absence de règles strictes sur la définition de la pharmacie a constitué l’un de nos messages principaux adressés à la Direction générale de l’offre des soins (DGOS). La souplesse doit guider les acteurs afin de convenir du périmètre adapté au territoire donné. A ce jour, il n’a pas été observé de situation de blocage. Cette montée en puissance des GHT ne doit pas entraîner la remise en cause des statuts. Il n’est pas acceptable que des pharmaciens par exemple soient contraints de travailler un jour dans un hôpital donné sous l’injonction du directeur afin de pallier des absences. Ces pratiques au lieu de générer des économies perturberont le fonctionnement des équipes et se solderont au final par un coût élevé.
D. S.-P. H. La montée en puissance des centrales d’achat n’a-t-elle pas réduit le rôle du pharmacien dans les négociations avec les laboratoires ?
M. J. Il s’est réduit sur ce point. Le pharmacien n’est pas acheteur. Toutes les pharmacies appartiennent à des groupements d’achats régionaux ou nationaux. Le travail s’est déplacé, mais pas la qualité de la négociation.
D. S.-P. H. Le développement de la pharmacie clinique se développe-t-il selon vos attentes ?
M. J. De nombreux freins en limitaient l’essor rapide. C’est désormais une mission obligatoire de la pharmacie. Les équipes pharmaceutiques s’y investissent fortement. Cent-cinquante projets ont été analysés à la suite de l’appel d’offres de la DGOS. Certains de ces projets sont portés par de très petites équipes. Sur la pharmacie clinique nous présenterons à l’Assemblée professionnelle Hopipharm quatre dossiers retenus par la DGOS, à savoir celui de Verdun et Metz-Thionville, Marseille et le Puy. On observe là un réel dynamisme.
D. S-P. H. Les décrets sur la pharmacie intérieure seront-ils bientôt publiés ?
M. J. Nous n’avons rien reçu. On nous a promis une première version en mai. Comme une concertation est nécessaire, une publication avant la fin du quinquennat paraît difficile. Les délais sont ici incompressibles.
D. S.-P. H. Le plan attractivité répond-il à vos attentes ?
M. J. A la différence de certaines spécialités médicales, nous ne sommes pas confrontés à un problème de recrutement. Nous avons même un surcroît de candidats par rapport aux postes proposés. Trois cents pharmaciens sont inscrits chaque année sur les listes d'aptitude. Dans le même temps, 150 postes sont proposés. Seules certaines pharmacies très éloignées géographiquement ont des difficultés à recruter. Nous sommes plus attentifs sur la gestion des carrières et notamment nos collègues exposés aux risques psycho-sociaux et aux conflits. Nous n’avons pas recensé le nombre de cas. Mais nous sommes très souvent sollicités par des pharmaciens en difficulté. Les problèmes surviennent à la suite de décision des directions peu familières des conditions d’exercice encadrées par les statuts. Enfin, comme tout contexte professionnel, il peut avoir des conflits de personne. Certains directeurs d’hôpitaux n’hésitent pas à imposer sans concertation des organisations, des activités aux praticiens. La loi HPST a une responsabilité particulière dans cette situation
D. S.-P. H. Vous venez de créer une fondation. Quel est son objet ?
M.J . Le Synprefh est membre fondateur d’une fondation créée sous l’égide de la Fondation de France. Parmi les objectifs, citons la recherche en pharmacie hospitalière, la formation, la mobilité des hospitalo-universitaires, les échanges avec les pharmaciens africains afin de porter des projets de recherche. Hopipharm a été une rampe de lancement à cette fondation.
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