La cohérence des mesures adoptées par le gouvernement n'est pas facile à percevoir. Certaines ont semblé socialement injustes, bien que le but ultime soit de réduire le chômage, ce qui est très difficile dans un pays intoxiqué au point de s'en presque satisfaire, pourvu qu'il soit éternellement indemnisé. On peut, à l'infini, dénoncer la réduction des APL, la hausse de la CSG, la suppression de l'ISF. Mais on ne peut pas vouloir à la fois la réduction de la dépense publique, indispensable à notre redressement, et exiger le maintien du financement actuel de l'aide au logement ou à la formation professionnelle. M. Macron ne veut pas les abolir, il entend seulement en réduire le coût pour avoir un budget conforme aux critères de Maastricht. C'est une ambition louable et elle n'est condamnée que par ceux qui se moquent de nos déficits et de notre dette.
M. Macron est certes extrêmement autoritaire et exerce son contrôle jusqu'aux affaires dont il aurait pu sans danger déléguer la gestion. Jupiter, le président des riches, voilà des expressions capables d'affaiblir sa popularité déjà insuffisante. C'est pourtant un langage qui ne correspond à rien dans un pays où la dépense publique atteint 57 % du PIB (produit intérieur brut), où les prestations sociales sont donc très élevées et financées par des recettes fiscales qui ne laissent plus rien à l'investissement, à l'innovation et à la croissance. Si la question est : « M. Macron a-t-il des défauts ? », la réponse est oui, mais autant sinon moins que ses prédécesseurs. Que lui aussi, comme eux, ait lourdement appuyé son argumentation sur le fameux « héritage », n'est agaçant que parce qu'il a été par ses fonctions lié à la gestion hollandaise du pays.
Il n'est donc pas parfait et ce qui nous intéresse n'est pas de faire le panégyrique de cet homme, mais de comprendre ce qu'il a fait et va faire et pourquoi il le fait. Il a d'abord créé un mouvement auquel personne n'aurait donné la moindre chance au début de l'année. Il est arrivé sur la scène publique avec une intuition remarquable qui a dicté sa démarche vers une offre politique fondée sur la volonté d'une partie croissante de la population d'engager des changements structurels. Pendant que la gauche et la droite explosaient, il est vite apparu comme le seul rempart contre la montée du Front national et celle des Insoumis. D'aucuns se lamentent encore du choix qu'a fait la France le 6 juin dernier, mais comment ignorer les dangers contre lesquels il nous a si bien préservés ? Son arrivée au pouvoir s'est d'abord traduite par la formation d'une très forte majorité, puis par une avalanche de lois. Une réforme profonde et multiple a été mise en place et sera poursuivie.
Employés et chômeurs
Il y a au moins une chose, dans le bilan de M. Macron que nous avons tenté d'expliquer dans ces colonnes et que peu de Français comprennent : les inégalités n'opposent pas seulement les pauvres aux riches. Elles opposent aussi les personnes qui ont un emploi et les chômeurs. Les premières souhaitent camper sur leur contrat à durée indéterminée (CDI), alors que les contrats à durée déterminée (CDD) représentent 80 % des nouveaux recrutements. On ne peut donc diminuer le chômage qu'en fragilisant la position de ceux qui ont un CDI. Oui, c'est ainsi : il faut que les entreprises puissent licencier plus facilement si on veut créer des emplois. On dénonce le « cynisme » de Macron, mais on devrait parler de son pragmatisme.
Tout cela est très important, mais la dynamique présidentielle va beaucoup plus loin. Soudain, la France est apparue comme un pays qui a récupéré ses chances de développement, dont la parole est maintenant écoutée, qui joue en Europe un rôle au moins égal à celui de l'Allemagne. Tous nos partenaires européens souhaitent notre succès alors que beaucoup de Français espèrent son échec qui, hélas, serait aussi celui du pays.
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