Mode d'emploi pour survivre

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Publié le 28/07/2022

Attention esprit radio actif et cœur hypersensible. La vie est un roman, paraît-il. Dans le cas de Myriam Anissimov, elle a débuté plutôt comme une tragédie. Il y a en effet des débuts dans l’existence plus prometteurs. Naître en pleine Seconde Guerre mondiale de parents juifs puis être séparée de sa famille pendant un an dans un hôpital suisse pour cause de maladie efface d’emblée le mot innocence associé classiquement à l’enfance. Il sera ici avantageusement remplacé par un verbe, survivre qui sera désormais décliné à tous les temps de la grammaire française. Dans ce livre intitulé par convention « roman » alors qu’il est largement autobiographique, Myriam Anissimov nous relate comment elle a survécu à de nombreux désastres après la guerre depuis la mort de son père dans un accident de voiture alors qu’elle était encore adolescente jusqu’à une tentative de viol. Surtout, son récit nous livre les relations tumultueuses et tourmentées entre une fille qui ne sait comment se faire aimer et plus encore reconnaître par sa mère. Épater sa mère sera ce fil rouge tendu jusqu’à la mort avec au final peu de réussites. La jeune Myriam ramène une conquête à la maison, un certain Patrick Modiano qui vient de publier La Place de l’Étoile. « Pourquoi fait-il semblant de bégayer », rétorque sa mère pour le moins guère impressionnée. Suivra une carrière de chanteuse, de comédienne, de journaliste, d’écrivaine, de biographe. Rien ne pansera la plaie ouverte de cet amour toujours imaginé comme inégal, impossible. Peut-on un jour se libérer de sa mère ?

Oublie-moi cinq minutes, Myriam Anissimov, éditions du Seuil, 394 pages, 21 euros.


Source : lequotidiendumedecin.fr