Monsieur,
C’est avec une grande stupéfaction que j’ai pu prendre connaissance de vos propos distillés sur les ondes d’une radio nationale. Visiblement vous intervenez régulièrement (vous travaillez donc de manière partielle dans votre fromagerie) sur les ondes d’un média national, et vous avez, au décours d’une émission, fustigé les médecins libéraux que vous qualifiez : de responsables des problématiques des urgences, de vivre grâce aux subsides de l’État lorsqu’ils font leurs études
Sachez, Monsieur que les médecins sont, pour la très grande majorité, des gens responsables qui ont pour priorité la prise en charge de leurs patients. Vous expliquez que certains confrères ne travaillent que trois jours par semaine. Cela est tout à fait possible (mon associée travaille de cette manière). Cependant, il faut savoir que trois jours ce n’est pas 24 heures de travail, mais au moins 14 heures par jour. À cela vous devez ajouter les tâches administratives, et pour certains la participation à d’autres actions professionnelles (formation, soutien au sein des urgences des hôpitaux notamment).
La plupart des médecins travaillent plus de 50 heures par semaine ; cadence qu’un salarié n’accepterait pas, et que les jeunes générations de médecins refusent. Il ne faut pas oublier que la plupart des médecins libéraux sacrifient leur vie privée pour pouvoir mener à bien leur exercice professionnel.
À ce titre, il faut que vous sachiez (car vous ne creusez pas assez votre sujet) que les médecins libéraux représentent la catégorie socioprofessionnelle qui est la plus impactée par le burn-out (si vous ne savez pas ce que ce terme signifie, je vous l’expliquerai une autre fois) et le suicide.
Les médecins ne sont pas des robots
Oui les médecins ne sont pas des robots, et ce même si nos concitoyens pensent qu’ils sont des êtres différents. Ils sont fatigués, en colère de voir que leurs actions en faveur de leurs patients sont souvent portées sur la place publique pour les critiquer et toujours mettre en avant qu’ils sont des nantis.
En reprenant votre allocution, vous faites allusion au fait que l’État finance les études des futurs médecins. Il faut savoir que cette pratique n’est pas propre aux médecins, mais s’observe également dans toutes les autres universités et autres écoles prestigieuses (Centrale…). Pourquoi dans ce cas ne pas demander également à ces étudiants de donner quelques années du fait que l’État finance leurs études ?
La réalité est bien différente à vos yeux. Comme vous êtes concernés par le déficit de médecins dans les hôpitaux et en libéral, vous tentez de trouver un responsable. Cependant, il est très simple à trouver, et je pense que cette équation est trop difficile pour vous. Aussi je vais vous donner la réponse. C’est l’État qui pendant des années a refusé d’augmenter le nombre de médecins formés car cela pouvait générer une charge plus importante à la Sécurité Sociale.
Une autre clé pour permettre une meilleure accessibilité des patients à leur médecin, c’est de responsabiliser les patients. Du fait que les consultations soient remboursées, certains n’hésitent pas à venir pour des maux « du quotidien » : nez qui coule, toux simple…
En revenant sur le chapitre financier, les études médicales sont payées, mais je pense que votre fromagerie bénéficie également d’un financement européen pour exister… Alors !!!!!
Aussi, avant d’avancer de tels propos, venez sur le terrain (je vous invite chez moi), et partagez l’expérience de libéraux. Vous verrez alors que la situation des médecins libéraux n’est pas aussi enviable que vous le dites ! En espérant que cette lettre vous permettra d’avoir une vision plus juste de la médecine libérale, et que votre discours haineux à l’égard de notre profession n’a pas été préparé pour faire de l’audimat uniquement.
« La connaissance des hommes rend misanthrope ou indulgent » Stahl PJ.
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