Compatriote de Napoléon Bonaparte, Antommarchi est né à une cinquantaine de kilomètres de Bastia, à Morsiglia, un petit village du Cap Corse, le 5 juillet 1780.
« Italien et apothicaire de comédie »
En 1812, il obtient son diplôme de chirurgien à l’université de Florence alors qu’il avait déjà été reçu docteur en philosophie et en médecine à l’université de Pise en 1808. Prosecteur d’anatomie à l’hôpital Sainte-Marie-Nouvelle de Florence, dans le service du Pr Paolo Mascagni, il est loin de faire l’unanimité, ses contemporains écrivant de lui : « Je tiens de source sûre qu'il possède plus de talent pour l'intrigue que de connaissances médicales. Il a beaucoup d'audace et, pour cette raison, il donne généralement l'impression d'être plus capable qu'il ne l'est ». Anatole France dira mémé de lui plus tard qu'il était « Italien et apothicaire de comédie ».
En décembre 1818, à la demande de Madame Mère, Letizia, et de son oncle, le cardinal Fesch, Antommarchi est pressenti pour devenir le médecin de l’empereur en exil et remplacer le Dr Brabdy O’Meara, un Irlandais soupçonné d’avoir fait parvenir un journal secret à un agent de Napoléon en poste à Londres et expulsé pour cette raison de l’îlot.
Les douleurs « cruelles » du foie de l’Empereur
Antommarchi débarque à Longwood en septembre 1819, alors que Napoléon souffre depuis deux ans de douleurs « cruelles » du foie. Ses jambes étaient en permanence enflées, son teint cireux et ses urines foncées et nauséabondes…
Antommarchi était arrivé à Saint-Hélène flanqué de deux prêtres dont l’un, l’abbé Vignali se piquait d’avoir des connaissances médicales. Napoléon lui interdit vite toute velléité de soigner qui que ce soit « fut-ce le dernier des Chinois » et lui intima « de se limiter à ses devoirs ecclésiastiques ».
«Je lui lègue vingt francs pour acheter une corde pour se pendre »
Antommarchi n’inspiræ pas plus confiance à l’Empereur qui le traitait d’«impudent carabin ». En avril 1821, alors que la maladie de Napoléon évolue inexorablement l’Empereur ne veut plus d’Antommarchi et demande à être soigné par le médecin anglais Arnott : « C’est un imbécile ! Quelqu’un a-t-il été plus mal soigné que moi par lui ! ». Et ajoute parlant de son compatriote corse : « qu'il passe tout son temps avec ses catins ; qu'il les foute par devant, par derrière, par la bouche et les oreilles. Mais débarrassez-moi de cet homme-là qui est bête, ignorant, fat, sans honneur. […] J'ai fait mon testament, je lègue à Antommarchi vingt francs pour acheter une corde pour se pendre.
Mais, finalement, Antommarchi va accompagner jusqu’au bout Napoléon dans son agonie, L’Empereur lui demande le 2 mai 1821 de pratiquer son autopsie après sa mort : « Rappelez-vous ce que je vous ai chargé de faire lorsque je ne serai plus. Faites avec soin l'examen anatomique de mon corps; de l'estomac surtout. Les médecins de Montpellier avaient annoncé que le squire au pylore serait héréditaire dans ma famille. Leur rapport est, je crois, dans les mains de Louis, demandez-le, comparez-le avec ce que vous aurez observé vous-même : que je sauve au moins mon fils (le duc Reichstadt) de cette cruelle maladie. Vous le verrez, Docteur, vous lui indiquerez ce qu'il convient de faire; vous lui épargnerez les angoisses dont je suis déchiré : c'est un dernier service que j'attends de vous ».
« Tête armée », les derniers mots de Napoléon 1er
Le samedi 6 mai 1821, Napoléon rend l’âme à 6 heures moins onze minutes. Antommarchi relate ainsi la dernière journée de souffrances du souverain : « La nuit est extrêmement agitée. Napoléon est toujours dans le délire. Borborygmes, météorisme abdominal, refroidissement du corps, œil fixe, lèvres fermées et contractées. Forte agitation des ailes du nez. Adynamie la plus complète. Il parle avec peine, profère des mots inarticulés, interrompus, laisse échapper ceux de : "tête armée." Ce furent les derniers mots qu'il prononça. Il ne les avait pas fait entendre qu'il perdit la parole.Tiraillements spasmodiques auprès de l'épigastre et de l'estomac, profonds soupirs, cris lamentables, mouvements convulsifs qui se terminent par un sinistre et bruyant sanglot ».
Après être devenu inspecteur général des hôpitaux polonais en 1831, Antommarchi émigra en Louisiane en 1834. Après un court passage au Mexique, il s’installa à Cuba où il se spécialisa dans l’opération de la cataracte. Le dernier médecin de Napoléon mourut à Santiago en 1838 après avoir contracté la fièvre jaune.
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