Ce médecin, esprit universel qui fut aussi anthropologue, psychologue social et sociologue. s'est surtout fait connaître pour « La psychologie des foules », ouvrage paru en 1895. Il y énonce notamment que « L’âge où nous entrons sera véritablement l’ère des foules. […] Aujourd'hui ce sont les traditions politiques, les tendances individuelles des souverains, leurs rivalités qui ne comptent plus, et, au contraire, la voix des foules qui est devenue prépondérante. »
Né, en 1841, à Nogent-le-Rotrou, où son père était conservateur des hypothèques, il fit ses études au lycée de Tours, puis à la faculté de médecine de Paris, où il obtint le titre de docteur en médecine en 1866. Jusqu'en 1879, il sillonna l’Europe, l'Asie et l'Afrique du Nord, parsemant ses expéditions de récits de voyage et d'ouvrages d’archéologie et d’anthropologie.
Des conceptions psycho-sociologiques novatrices
Puis il fit une entrée remarquée au sein de la Société d'anthropologie de Paris, en 1880, qui lui décerna l’année suivante le prix Godard pour son mémoire « Recherches anatomiques et mathématiques sur les lois de variation du volume du cerveau et sur leur relation avec l’intelligence ».
Mais il quitta avec fracas cette société en 1888 au prétexte qu'elle n'était pas ouverte à ses conceptions psycho-sociologiques novatrices selon lesquelles « il n'y a pas de races pures dans les pays civilisés » et que « Les classifications uniquement fondées sur la couleur de la peau ou sur la couleur des cheveux n'ont guère plus de valeur que celles qui consisteraient à classer les chiens d'après la couleur ou la forme des poils, divisant, par exemple, ces derniers en chiens noirs, chiens blancs, chiens rouges, chiens frisés, etc. »
Son livre « Lois psychologiques de l'évolution des peuples » qui se réfère aux lois de l'évolution darwinienne en les étendant de la physiologie à la psycho-sociologie, paru en 1894, contribua à étendre sa notoriété. L'année suivante, il publia « Psychologie des Foules » qui lui valut les félicitations de Mussolini.
En 1902, Le Bon créa la Bibliothèque de philosophie scientifique chez Flammarion. Une vraie réussite puisque 220 titres seront publiés et plus de deux millions de livres vendus jusqu'à la mort du médecin en 1931. En ce début de XXe siècle, il institua également les « déjeuners du mercredi » auxquels furent invités Henri et Raymond Poincaré, Paul Valéry, Émile Picard, Camille Saint-Saëns, Marie Bonaparte, Aristide Briand, Henri Bergson, etc. Il convia également à ces déjeuners la comtesse Greffulhe, icône de la Belle-Epoque et inspiratrice de Proust pour « À la recherche du temps perdu », avec qui il entretint une correspondance aussi abondante que familière.
En 1914, Le Bon, alors que la guerre venait d'éclater certifia que le conflit serait meurtrier car il s’agirait de guerre de conscrits et non plus de professionnels. Déjà en 1898 il avait écrit que « les prochaines luttes entre nations seront de véritables luttes pour l'existence ne pouvant se terminer que par l'écrasement complet de l'un des combattants. » En 1924, Le Bon, dans un article intitulé « De l'évolution de l'Europe vers diverses formes de dictature » alerta sur lefait que la montée du fascisme en Italie n'était pas un phénomène isolé mais risquait au contraire de s'étendre, par le même mécanisme d'un meneur de foules prenant, à la faveur d'événements violents, les rênes du pouvoir et les confisquant ensuite à son seul profit.
Gustave Le Bon, mort le 13 décembre 1931, à Marnes-la-Coquette, a écrit également trois ouvrages purement médicaux : « La mort apparente et inhumations prématurées », « Traité pratique des maladies des organes génitaux-urinaires » et « La vie (Traité de physiologie humaine) ».
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