Né dans une famille pauvre de Voorhout, près de Leyde, Boehraave se rendit à l’âge de 14 ans dans cette dernière ville pour parfaire son éducation. Ses parents ne pouvant financer ses études, il ne dut qu’à la générosité du bourgmestre van Alphen de pouvoir poursuivre ses humanités.
Un éclectique de génie
Esprit curieux de tout, il apprit le chaldéen et l’hébreu puis se passionna pour l’histoire, les mathématiques et la philosophie avant de jeter son dévolu sur la médecine alors qu’il était âgé de 22 ans. Après avoir obtenu son doctorat de philosophie et soutenu une thèse – « De distinctione mentis a corpore » – où il battait en brèche les théories d’Epicure et de Spinoza, Boehraave dévora tous les ouvrages médicaux qui lui tombaient sous la main et assista avec assiduité aux dissections pratiquées par Frederik Ruysch, un des plus fameux anatomistes hollandais de l’époque.
[[asset:image:2761 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Après avoir obtenu son bonnet de docteur à Harderwijk, Boerhaave revint à Leyde où après avoir remplacé son maître, Charles Drelincourt, comme professeur de médecine à l’université, il commença à donner des leçons qui allaient asseoir sa réputation en Europe.
[[asset:image:2756 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":["Boehraave fit l\u0027acquisition de ce ch\u00e2teau en 1724 pour en faire sa r\u00e9sidence"]}]]Dans le discours inaugural qu’il fit à l’institut de médecine de Leyde en 1701 – « De commendando Hippocratis studio », Boehraave prit le médecin grec comme modèle. Quand il fut nommé professeur titulaire de l’université de Leyde en 1709, le médecin hollandais fut aussi chargé de la botanique. Là encore, il s’acquitta de sa tâche avec passion, enrichissant en dix ans les collections de l’université de près de 2 000 espèces nouvelles aidé en cela par les employés de la compagnie hollandaise des Indes qui lui ramenèrent de nombreuses plantes exotiques, dont le pavier rouge (Pavia) qu’il dénomma ainsi en hommage au célèbre botaniste Pieter Pauw.
Un nouveau système d’enseignement de la clinique
En 1714, Boehraave accéda à la chaire de médecine clinique et à cette occasion inaugura un nouveau système d'enseignement de la clinique, résolument moderne dans sa conception. C’était aussi son retour à l’enseignement car, après avoir été frappé par une goutte compliquée de paralysie en 1712, il avait dû renoncer à ses cours. Son retour à l’enseignement provoqua une telle liesse dans Leyde que le soir suivant cette nouvelle, la ville fut entièrement illuminée.
Perpétuant la tradition de François de Le Boë, Boehraave ouvrit aussi pour les étudiants venus de toute l’Europe un hôpital d’une douzaine de lits où, deux fois par semaine, il leur faisait une véritable clinique, fondée sur l'observation attentive du corps des patients. Pierre Le Grand, de passage aux Pays-Bas en 1715, vint même assister en personne à une de ses leçons.
Le créateur de la chaise rotative pour soigner les maladies mentales !
Le médecin hollandais fut aussi le premier à décrire le syndrome qui porte son nom. Celui-ci correspond à une rupture de la paroi œsophagienne le plus souvent dans le cadre de vomissements excessifs. Boerhaave fut aussi le créateur de la chaise rotative. Selon lui on pouvait guérir certaines maladies mentales en installant le patient sur une chaise et en le faisant tourner jusqu'à ce qu'il devienne inconscient.
Au début des années 1720, le médecin de Leyde avait fini d’acquérir une réputation universelle si bien que même les courriers envoyés de Chine avec pour seule mention « à Monsieur Boerhaave, en Europe » finissaient par lui parvenir. Il fut aussi élu en 1728 à l’Académie des Sciences de Paris et en 1730 à la Royal Society de Londres mais de nouveaux accès de goutte invalidante le forcèrent à renoncer à toutes ses fonctions cette même année 1730.
Boehraave mourut le 23 septembre 1736 et Beaugrand put écrire de lui après son décès dans son « Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales » : « Le système de Boerhaave a régné plus longtemps dans la science que ceux de ses deux rivaux de gloire, F. Hoffmann et Stahl, et si le professeur de Leyde dut en partie cette supériorité à la séduisante harmonie de sa doctrine, à l'éloquence de ses leçons, il le dut aussi aux illustres disciples sortis de son école, aux Haller, aux De Haen, aux Van Swieten, qui remplirent le XVIIIe siècle de la gloire de son nom. »
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