Mortalité routière: trois mauvaises années

Publié le 23/01/2017

Le nombre de morts sur les routes de France métropolitaine a encore augmenté en 2016. Certes, avec huit morts de plus que l'année précédente, il ne s'agit que d'une très légère progression. Mais néanmoins, les pouvoirs publics ne parviennent pas à inverser une tendance haussière. Après 2014 (3 384 morts, +116 tués par rapport à 2013, soit +3,5 %) et 2015 (3 461 morts, +77 tués, soit +2,3 %), la France connaît donc une troisième année consécutive de hausse, une première depuis 1972.

"L'année 2016 s'inscrit dans une tendance à la stabilisation, sans malheureusement cette rupture qu'on était en droit d'attendre de par notre engagement au cours des deux années de hausse", a reconnu lundi le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux devant le Conseil national de sécurité routière (CNSR). Sur les cinq années 2012 à 2016, le nombre de morts est néanmoins en recul de 12,5 %, avec 494 personnes tuées de moins que les 3 963 recensées au 31 décembre 2011, a-t-il précisé.

Le ministre a appelé "à poursuivre" les "efforts" pour atteindre l'objectif "ambitieux, réaliste, accessible" de passer sous la barre des 2 000 morts en 2020, fixé par son prédécesseur Manuel Valls en 2014. Mais "il faudra une rupture par rapport aux chiffres actuels", a-t-il concédé devant la presse. Du côté des associations, on se montre en effet sévère. À l’instar de Chantal Perrichon qui estime que ces trois mauvaises années -qui interviennent après douze ans de baisse et un plus bas historique en 2013 à 3 268 morts - constituent "un échec" du "quinquennat funeste" de François Hollande. Cinq ans marqués par "la procrastination" et "un manque de courage politique", selon la présidente de la Ligue contre la violence routière. "C'est une déception", admet aussi le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes Pierre Chasseray. Pour lui, ces trois années de hausse montrent qu'"il faut entrer dans une nouvelle ère, que le tout-répressif ne fonctionne plus : on empile des mesures sans effet".

Pour tenter d'enrayer la hausse, le gouvernement a lancé deux plans successifs en 2015, en janvier puis en octobre. Parmi les mesures phares : l'interdiction du kit mains libres au volant, l'abaissement du taux d'alcoolémie pour les conducteurs novices, l'expérimentation de tests salivaires pour détecter les stupéfiants et l'augmentation du nombre de radars (500 supplémentaires d'ici à fin 2018 et 10 000 radars "leurres"). D'autres mesures produiront leurs effets en 2017, comme l'externalisation de certains contrôles radar qui sera généralisée en septembre et l'extension de la vidéoverbalisation, a estimé le ministre. "Et il faudra très certainement en prendre d'autres", a-t-il affirmé.

La baisse à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires bidirectionnelles, réclamée par certaines associations sera "évaluée" à l'été prochain, au terme de l'expérimentation actuellement en cours sur 81 kilomètres de routes. Afin d'"imaginer de nouvelles solutions", un "nouveau" Conseil national de sécurité routière (CNSR), l'instance consultative considérée comme le "parlement" de la sécurité routière, a été installé par le ministre.


Source : lequotidiendumedecin.fr