Né à Dricourt, dans les Ardennes, où son père, procureur au Parlement s’était retiré après l’exil du Parlement, Jean-Nicolas Corvisart débute ses humanités au collège Sainte-Barbe. Malgré les désirs de son père qui voulait le voir embrasser une carrière juridique, le jeune Corvisart entame des études de médecine à l’Hôtel Dieu, séduit par la personnalité d’Antoine Petit, « le seul médecin de Paris qui sache opérer et accoucher ». Furieux, son père lui coupe les vivres et Jean-Nicolas doit interrompre ses études et s’engager comme infirmier à l’Hôtel Dieu.
« Les agréments de l’étude de la médecine et les désagréments de la pratique ».
Son père lui ayant accordé son pardon, il peut répondre le cours de ses études médicales avec pour principaux maîtres Pelletan, Vicq d’Azyr et Desault. Après avoir obtenu sa licence, il prononce son discours d’admission sur « les agréments de l’étude de la médecine et les désagréments de la pratique ».
Refus de porter perruque !
Devenu directeur-régent de la Faculté en novembre 1782, il se voit néanmoins interdire un poste à l’hôpital des Paroisses (l’actuel hôpital Necker) car il refuse de porter la perruque. Il se contente donc d’un poste beaucoup moins honorifique dans un établissement pour pauvres du quartier Saint-Sulpice avec un misérable appointement annuel de 100 écus.
[[asset:image:4416 {"mode":"full","align":"","field_asset_image_copyright":[],"field_asset_image_description":[]}]]Il fréquente parallèlement l’hôpital de la Charité où il se lie avec Desbois de Rochefort, le médecin en second, grand pourfendeur des vieilles méthodes de la Faculté et pionnier de la médecine anatomo-clinique. Grâce à lui, il obtient une chaire de pathologie, puis de physiologie. Durant ces années, il perfectionne notamment le procédé de la percussion de la paroi thoracique qu’avait imaginé Auenbrugger en 1761.
La révolution survient et Corvisart, prudent, s’abstient de prendre position pour l’un ou l’autre camp alors qu’il est en poste à l’hôpital de la Charité devenu par décision des membres de la commune de Paris, hôpital de l’Unité.
En 1792, un décret supprime toutes les Facultés de médecine et de pharmacie,le Collège de chirurgie et l’Académie royale de médecine… Autrement dit, n’importe qui, n’importe qui peut s’arroger le titre de médecin.
L’année suivante, la Convention décrète « la dissolution et la fermeture des Facultés et organisations enseignantes ».
Cependant, à la fin de 1794, les études médicales commencent à être réglementées de nouveau et, en 1796, on retrouve Corvisart, professeur de médecine pratique au Collège de France. À l’hôpital de La Charité, où il a toujours son service, il fait construire un amphithéâtre d’anatomie. Après avoir été créateur de la « Société médicale d’émulation » le 6 Messidor An VI, il prend en 1801 la tête du « Journal de médecine, chirurgie et pharmacie ».
Napoléon : « Je ne crois pas en la médecine, mais je crois en Corvisart »
Autant d’activités qui lui valent l’attention de Napoléon Bonaparte. Après être devenu médecin personnel de Joséphine de Beauharnais, le premier consul s’attache ses services en l’an X déclarant : « Je ne crois pas en la médecine, mais je crois en Corvisart Je vois qu’il a compris ma nature et qu’il est le médecin qui me convient ». Napoléon devenu empereur le fait officier de la Légion d’honneur, ordre tout juste créé.
Corvisart, qui accompagne le souverain en dans ses campagnes italiennes et autrichiennes, devient un officieux ministre de la Santé. Il met fin ainsi à l’autorisation de pratiquer la médecine sans diplômes et est à l’origine d’une loi réglementant la préparation et la vente des médicaments et de la décision de créer un concours d’élèves-internes des hôpitaux de Paris.
Fait baron d’empire, il s’occupe de près de la santé de Napoléon lui imposant un régime alimentaire strict. Il doit faire face aussi à l’hypochondrie de Joséphine de Beauharnais et lui prescrit des placebos sous la forme de pilules qui ne sont que de la mie de pain enveloppée dans du papier d’argent…
Corvisart entre à l’Institut en 1811, membre de presque toutes les sociétés savantes d’Europe. À la nouvelle de l’abdication de l’empereur en 1814, Corvisart sombre dans la mélancolie. Il accompagne un temps l’imératrice Marie-Louise à Vienne mais prèfère bientôt rentrer en France se retirer à la campagne : « C’est encore là que je m’ennuie le moins des autres, de moi et de la vie ».
Pendant ce temps, l’Empereur, avant d’embarquer pour l’île d’Elbe, rend hommage à la fidélité de son médecin : « J’ai vu avec plaisir la bonne conduite que vous avez tenue ces derniers temps où tant d’autres se sont mal conduits. Ne doutez jamais des sentiments que je vous porte, ne vous livrez pas à des idées mélancoliques et j’espère que vous vivrez encore longtemps pour rendre des services pour vos amis ».
Corvisart , redevient médecin de Napoléon durant les Cent-Jours mais abandonne sa fonction après Waterloo. Il sera parmi les derniers fidèles à saluer l’Empereur à Rochefort avant son embarquement pour Sainte-Hélène.
Corvisart mourut en 1821 à Courbevoie. Il aura formé quelques uns des plus grands médecins du XIXe siècle : Laënnec, Bichat, Dupuytren, Broussais, Bayle…
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