Lorsque Fallope mourut en 1562, l’université de Padoue chargea son élève d’Acquapendente de le remplacer, alors qu’il était pourtant dépourvu de tout titre, pour diriger les démonstrations d’anatomie. Mais son talent était tel qu’il fut nommé trois ans plus tard à la chaire de chirurgie puis en 1571 à celle d’anatomie.
En tant que chirurgien, il préconisa la ligature des artères pour juguler les hémorragies et la trachéotomie pour certaines diphtéries et fut à l’origine d’appareils de prothèse ou d’orthopédie particulièrement novateurs. Mais c’est surtout comme anatomiste que d’Acquapendente se distingua, confrontant les travaux de ses prédécesseurs à ses propres recherches sur le cadavre humain et celui de centaines d’animaux de toutes espèces (ruminants, poissons, reptiles, oiseaux…). Il étudie ainsi les fonctions musculaires, la phonation, la digestion, la respiration, le mécanisme de la locomotion.
Une description des valvules veineuses d’une grande précision
En 1574, d’Acquapendente découvre les valvules veineuses et de cette découverte il tirera un ouvrage « De venarum Ostiolis » qui paraîtra en 1603 quand son illustre élève William Harvey rentrera en Angleterre.
« J’ai appelé petites portes (ostiolæ ), valvules des veines, certaines membranes très ténues, situées dans la cavité interne des veines et particulièrement dans la cavité de celles qui se distribuent aux membres . Elles sont disposées par intervalles, tantôt isolées, tantôt jumelées. Leur orifice est tourné vers les racines des membres... Elles se manifestent au dehors sous l'aspect des nœuds que l'on voit aux rameaux et à la tige des plantes. Je pense que la nature les a créées pour retarder jusqu'à un certain point le cours du sang, pour empêcher de couler à flot ou en totalité, à l'instar d'un fleuve, soit vers les mains, soit vers les pieds.. »
Sa description anatomique des valvules veineuses d’une grande précision permettra à Harvey de faire un peu plus tard ses découvertes sur la circulation du sang. En 1604, d’Acquapendente fit paraître un « Traité de la malformation du fœtus » où il synthétise toutes ses recherches sur l’appareil génital, le mécanisme de la gravidité et de la parturition chez la femme, sur l’accouchement mais aussi sur les dystocies par malformation du bassin.
Empoisonné par ses héritiers...
Ce remarquable savant qui eut l’insigne honneur d’avoir eu sa statue érigée de son vivant fit aussi construire à ses frais, en 1594, le magnifique amphithéâtre de dissection où il put recevoir ses élèves venus de toute l’Europe, à commencer par William Harvey donc… D’Acquapendente mourut en 1619, empoisonné dit-on par ses héritiers qui en voulaient à l’immense fortune qu’il avait accumulé.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature