Hasard du calendrier, nous traitions hier de Dupuytren et, aujourd’hui, c’est Jean Cruveilhier qui fut son élève en anatomie à Paris qui est à l’honneur.
Pourtant, tout avait mal commencé pour ce Limougeaud, descendant d’une longue lignée de médecins… Il ne supportait pas en effet l’atmosphère des salles de dissection et ne dut qu’aux foudres paternelles de poursuivre ses études médicales. Colère qui allait porter ses fruits puisque Cruveilhier sortit premier du concours de l’internat en 1811. Entré dans le service de Dupuytren à l’Hôtel Dieu, il passe sa thèse en 1816, le titre en étant « Essai sur l’anatomie pathologique en général ». Il y développe notamment les idées de Broussais sur la nécessité d’étudier les lésions des organes pour préciser la connaissance des maladies et montre son orientation vers la « médecine scientifique » avec une formule choc : « Les systèmes passent, les faits restent ».
Sa thèse soutenue, il reprend le chemin de Limoges où il souhaite prendre la succession de son père. Mais, ayant échoué à prendre la place de directeur du cours d’accouchement à l’hôpital de Limoges, Cruveilhier revient à Paris en 1823 où il passe brillamment le nouveau concours d’agrégation.
Sur les conseils de Dupuytren, il accepte la chaire de médecine opératoire de Montpellier, poste qui rapidement ne lui convient plus. Une fois encore Dupuytren va influer sur son destin en proposant son nom pour occuper la chaire d’anatomie devenue vacante après le décès de Béclard.
Toujours plus loin dans la voie de l’anatomie pathologique pure
Son premier souhait fut de redonner vie à la Société anatomique qui avait été dissoute après la présidence de Laennec. Et « sous sa direction, la société s’engagea toujours plus loin dans la voie de l’anatomie pathologique pure » Grâce à lui, les pavillons d’anatomie deviennent le lieu de rencontre des jeunes chirurgiens et un centre d’entraînement aux nouvelles techniques car il n’y a pas encore de laboratoires de chirurgie expérimentale. Cruveilhier restera président de la Société d’anatomie jusqu’en 1866.
Mais, alors qu’il avait aussi été nommé médecins des hôpitaux, chef du service de chirurgie à la Charité puis à la Salpêtrière, Cruveilhier va consacrer l’essentiel de sa vie à la chaire d’anatomie pathologique, créée grâce au legs de Dupuytren. Dans sa leçon inaugurale, il affirme que « la maladie ne pouvait être conçue sans un substratum matériel qu’il faut découvrir en développant l’étude intime des tissus normaux et pathologiques ».
Cruveilhier fut aussi un des médecins les plus recherchés de son temps comptant dans sa clientèle des patients tels que Talleyrand, Chateaubriant, Chopin ou Alfred de Vigny.
Elu président de l’Académie de médecine en 1859, Cruveilhier mourut le 10 mars 1874 à Sussac, pas très loin de sa terre natale. Grâce à lui, la chirurgie ne fut plus un art mais une science…
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