Pionnier de l'urologie, premier chirurgien en France, à pratiquer la prostatectomie par voie périnéale, Joaquín María Albarrán y Domínguez est né à Sagua-Grande à Cuba le 9 mai 1860. Orphelin à neuf ans, il est recueilli par son parrain, le Dr Fabregas, un chirurgien catalan établi à Barcelone. Bachelier à tout juste 13 ans (!), Il est inscrit à l'ordre des médecins de la ville à l'âge de dix-sept ans et présente une première thèse en 1878, à Madrid . Mais, à dix-neuf ans, jugé trop jeune pour exercer, Albarran décide de venir à Paris compléter sa formation.
Une thèse sur " Les tumeurs des testicules "
Après avoir succombé un temps aux tentations de la vie parisienne en compagnie du poète Jean Moreas dont il est devenu l'ami, Albarran revient aux affaires sérieuses et il se passionne pour l'Histologie sous la direction du Pr Ranvier. Les journées d'Albarran sont bien réglées. Si tous ses après-midi sont consacrées à l'histologie, il passe ses matinées à l'Hôtel-Dieu avec le Dr Brissaud qui va le pousser à soutenir une thèse ayant pour sujet « Les tumeurs des testicules ».
Externe des hôpitaux de Paris à 23 ans, major de l’Internat des Hôpitaux de Paris en 1884, dans une brillante promotion dont Pierre Delbet et Fernand Widal notamment faisaient partie, Albarran trouve le temps, outre ses occupations hospitalières d’étudier la bactériologie et d' assister Louis Pasteur dans ses travaux. Après avoir obtenu la médaille d'or à la fin de son internat, le jeune médecin d'origine cubaine décide de passer une année supplémentaire dans le service d'un autre de ses maîtres, le Pr Felix Guyon avec lequel il découvre les arcanes de l'urologie.
Après avoir participé à une mission d'assistance contre le choléra dans le sud de l'Espagne, Albarran succède à Guyon comme directeur de la clinique urologique de l'hôpital Necker en 1906. En inaugurant sa chaire à Necker, il établit clairement sa philosophie: « C’est suivre l’exemple de nos maîtres que de ne pas les imiter. ils ont acquis de leurs prédécesseurs et nous ont transmis le dépôt sacré des grandes traditions de notre école, à savoir le respect du passé uni à l’indépendance de la critique et de l’audace de la pensée personnelle ».
Cependant, en 1908, alors qu'il est au faîte de sa carrière, Albarran doit quitter sa clinique pour partir à Malaga soigner sa tuberculose. Mais désireux de finir ses jours en France, il revient s'installer à Arcachon avec sa famille puis à Paris où il meurt le 17 janvier 1912.
Des avancées décisives en urologie
Pionnier de l'urologie, Albarran aura été le premier chirurgien en France à pratiquer la prostatectomie par voie périnéale. En 1908, il publia une série statistique de plus de cent cas avec une mortalité inférieure à deux pour cent ; les résultats éloignés étaient favorables et la guérison complète dans la totalité des cas. Cette technique a été abandonnée au profit des abords antérieurs ou des voies endoscopiques.
Albarran a aussi développé une méthode expérimentale de l’exploration de la fonction rénale qui sera dénommée plus tard « épreuve ou test d'Albarran ». Il améliora aussi la cystoscopie en inventant le levier d'Albarran qui permet une plus grande précision des mouvements du cystoscope pendant le cathétérisme de l’uretère. Enfin, Il décrivit, conjointement avec Halle, le Bacillus pyogènes appelé par la suite Bacterium Coli.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature