Hunayn Ibn Ishaq dit Johannitius est né à Hira (Bas-Euphrate). Chrétien d'origine syriaque, nestorien de culture arabe, Il quitta sa petite ville à son adolescence pour s'installer à Bagdad, où il suivit les cours de médecine deYuhanna ibn Masawaih qui finit, selon la légende, par le chasser avec mépris. Il entama alors un voyage de deux ans qui l’amena à Alexandrie et en territoire byzantin, apprenant ainsi le grec, puis il séjourna quelque temps à Bassora avant de revenir à Bagdad, vers 826. Il traduisit alors en arabe « L'anatomie » de Galien puis les « Aphorismes » d'Hippocrate, se spécialisant ainsi dans la traduction des ouvrages médicaux grecs en syriaque et en arabe
Le « maître des traducteurs »
il travailla parallèlement auprès du célèbre médecin Jibril Bakhtishu, petit-fils de Jurjis Bakhtishu, devenu le médecin-chef de l'hôpital de Bagdad et le médecin privé du calife Al-Rashid jusqu'à la mort de celui-ci. Le « maître des traducteurs » fut aussi un auteur prolifique. Il écrivit ainsi le « Kitab al Masae-il Fi Tib » (« Livre des questions sur la Médecine ») ainsi que le « Nawasir al falasifa » où il développe des théories de la Médecine, l'Anatomie, la Séméiologie et de la Pathologie et surtout en Ophtamologie sur laquelle il a écrit dix traités divers, devenant ainsi un pionnier arabe en cette matière. Ainsi la médecine figure au huitième rang après la géométrie et l'astronomie et avant la musique, la logique et la philosophie.
Le premier serment médical
Hunayn Ibn Ishaq dit Johannitius est aussi l'auteur du premier serment médical qu'il rédigea après avoir refusé au Calife de préparer un poison que celui-ci destinait à un ennemi. « Ma Science ne porte, écrit-il que sur les substances bénéfiques ; je n'en ai pas étudié d'autres. Deux choses m'ont retenu de préparer le poison mortel: ma religion et ma profession. La première m'enseigne que nous devons faire du bien même à nos ennemis, et à plus forte raison à nos amis. Quant à ma profession, elle a été instituée pour le plus grand bénéfice de l'humanité, dans le but exclusif de guérir et de soulager. En outre, comme tous les médecins, j'ai juré de ne donner à personne aucune substance mortelle ».
En 861, Johannitius dut faire face à un complot fomenté par des médecins originaires de Gundishapur, qui parvinrent à le faire emprisonner. Mais, rappelé par le calife tombé malade, et ayant réussi à le guérir, il rentra en grâce et ses détracteurs furent contraints de le dédommager. Il effectua à la fin de sa vie de nombreux voyages à la recherche de livres : dans l'Empire byzantin mais aussi en Syrie, Haute-Mésopotamie et Palestine. Deux de ses fils, D?w?d et Ish?q, devinrent médecins comme lui et il écrivit des livres à leur intention.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature