Natif d'Uzès, Charas se distingua tout d'abord par son habileté dans la pharmacie, exerçant cette profession à Orange avant d'aller à Paris. Là, son " Traité de la thériaque " lui valut une considération certaine, se distinguant même par la composition de cet antidote qu'il exécuta publiquement en présence de magistrats, de médecins de la Cour et de plusieurs membres de la Faculté de médecine de Paris. Charas écrivit aussi un " Traité de la vipère " augmenté d'un poème latin sur la description anatomique de cet animal. Le médecin languedocien fut alors choisi pour faire le cours de chimie au Jardin Royal de Paris, charge qu'il allait accomplir durant neuf ans.
Charas fut alors obligé d'abandonner sa chaire en raison de sa religion protestante. Devant quitter la France précipitamment et se réfugia en Angleterre où Charles II l'accueillit avec bonté. Après avoir séjourné cinq ans en Angleterre où il commença à étudier la médecine et y obtint son bonnet de docteur, il s'établit à Amsterdam. Sa réputation fut telle là bas que l'envoyé d'Espagne auprès des Etats généraux le sollicita pour s'occuper du roi dont la santé était chancelante. Charas monta d'abord quelque réticence, de crainte, en raison de sa religion, d'être poursuivi par l'Inquisition. Mais, finalement, il céda aux sollicitations de l'envoyé qui le défraya, lui et toute sa famille de son voyage jusqu'à Madrid.
Poursuivi par l’Inquisition
Arrivé dans la péninsule ibérique, Charas reprit ses études sur les vipères et démontra aux habitants de Tolède que ces serpents ne pouvaient plus nuire une fois qu'ils avaient déjà mordu. L'archevêque de Tolède prétendait en effet que ces reptiles après avoir jeté leur venin en étaient privés pour toujours, exposant ainsi les habitants, volontiers crédules, au danger d'être piqués.
Parallèlement, les connaissances en chimie de Charas firent monter sa cote auprès de la noblesse espagnole. Mais comme la notoriété fait des jaloux, celle de Charas lui valut la jalousie des médecins de la Cour qui n'eurent de cesse que de le dénoncer à l'Inquisition, l'accusant de pratiquer la religion dite réformée. Alors qu'il était âgé de 72 ans, un triunal de l'Inquisition le fit jeter en prison et ses juges le poursuivirent avec tant d'acharnement que son attachement à ses croyances religieuses auraient pu lui valoir la mort si, au bout de quatre mois, il n'avait pas abjuré sa religion pour se convertir au catholicisme. Autant par conviction que par crainte puisque rentré en France après cet épisode, il conserva la religion catholique. Sa conversion le fit recevoir à la Cour de Versailles avec joie et Louis XIV daigna même lui montrer sa satisfaction en lui faisant donner une place à l'Académie des Sciences.
Charas mourut à Paris le 17 janvier 1698.
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