Nouvelle polémique sur la démocratie sanitaire

Publié le 03/03/2016
democratie sanitaire

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Crédit photo : KTSDESIGN/SPL/PHANIE

La démocratie sanitaire aurait-elle du plomb dans l’aile ? Elle fait en tout cas beaucoup parler d’aller depuis quelques jours. Après le départ fracassant, fin février, de Thomas Dietrich du secrétariat général de la Conférence nationale de santé (CNS), organe consultatif placé auprès du ministère de la Santé, c’est au tour de deux associations de consommateurs de monter au créneau. Dans une lettre ouverte adressée mercredi 2 mars à Marisol Touraine, l’UFC-Que Choisir et la CLCV déplorent les conditions de création de l’Union nationale des associations agréées d’usagers du système de santé (UNAASS) prévue par la loi de santé. Elles regrettent amèrement d’avoir été mises sur la touche des travaux de concertation préalables à la mise en place de cette union. « La composition du Comité technique mis en place est pour le moins surprenante : sur ses dix membres, outre son Président et un représentant de votre Ministère, huit sont adhérents du Collectif interassociatif sur la santé (CISS) », détaillent-elles. Agréées mais non membres du CISS, elles notent qu’il ne leur reste dès lors « pour seul moyen d’expression qu’une possibilité de contribution écrite, à propos d’un projet de décret dont elles ne disposent d’ailleurs pas ».

Plus encore, l’UFC-Que Choisir et la CLCV s’interrogent sur la place qu’occupe le CISS. Et le manque de pluralisme qui pourrait se faire ressentir si le collectif venait à être la seule voix de l’intérêt des usagers. « Le renforcement de la démocratie sanitaire ne peut pas passer par la création d’un parti unique de représentation des patients et usagers » considèrent-elles, jugeant que cela « dérivera nécessairement vers une navrante pensée unique qui affaiblirait le fonctionnement du système de santé dans son ensemble ». Leur plaidoyer ne manque pas de rappeler leur « indépendance, en particulier financière, vis-à-vis des acteurs du système de santé ». Nouvelle pique décrochée, en creux, à l’encontre du CISS dont nombre de ses associations membres sont amplement financées par l’État.

Cet appel lancé à la ministre « à promouvoir une approche pluraliste de la démocratie sanitaire » n’a pas échappé au CISS. Le collectif publie, jeudi 3 mars, une réponse dans laquelle il se veut le défenseur de la démocratie sanitaire. « C’est sans doute ce progrès (N.D.L.R. : la démocratie sanitaire) qui dérange, notamment tous ceux qui trouvent décidément inadmissible que les usagers s’organisent, spécialement au sein du Collectif interassociatif sur la santé », croit-il savoir. Prenant ses distances vis-à-vis des allégations de manque d’indépendance de la CNS, le CISS s’attache à justifier la composition du groupe de travail relatif à l’UNAASS : « Plus de 80 % des mandats de représentation des usagers sont exercés bénévolement par des membres d’associations adhérentes au CISS et à son réseau ». Un constat qui ne l’empêche pas de considérer que « cela ne constituait pas une raison de réserver aux associations non adhérentes au CISS un traitement différent en leur offrant seulement une procédure d’expression écrite de leurs attentes ».

Dans cette prise de parole, le CISS ne manque pas de justifier son propre rôle. Et, par ricochet, son financement. « Qu’un État finance des associations pour révéler des dysfonctionnements d’un système de santé peut égarer certains esprits mais pas les adeptes de la théorie du ‘malade réformateur’ », une étiquette qu’il revendique.


Source : lequotidiendumedecin.fr