Editorial

Pas ta médecine ?

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Publié le 22/03/2018
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Est-ce le chantier lancé par Agnès Buzyn sur la pertinence des soins qui leur aura donné des ailes ? Ou faut-il y voir le résultat de l’exaspération de soignants face à la montée des anti vaccins et autres sceptiques ? Le fait est que, ces derniers temps, dans le corps médical, des voix se sont émues de la progression des médecines alternatives. La semaine dernière, c’est l’UFML qui s’inquiétait : certaines maisons de santé abriteraient naturopathes, réflexologues et autres énergiciens. Les tenants de l’evidence based medicine ont frappé encore plus fort lundi en s’attaquant cette fois aux confrères qui recourent aux médecines alternatives. Dans «Le Figaro», 124 médecins signataires s’en prennent de front à l’homéopathie. Ils réclament le déremboursement des produits concernés, ce qui n’est pas nouveau. Et, plus audacieux, ils vont jusqu’à dénier aux praticiens concernés le droit d’utiliser le titre de médecin. 

Coup de tonnerre dans un ciel serein... L’affaire a fait réagir les syndicats de médecins libéraux, la plupart prenant aussitôt la défense de leurs pairs : plusieurs milliers de généralistes qualifiés en homéopathie, ce qui n’est pas rien. Sur le fond, les croisés de la lutte anti homéopathie ont pourtant le mérite de relancer le débat. Ils ont voulu frapper l’opinion. Peut-être en ont-ils trop fait. Qualifier de « fake médecine », les médecines à expertise particulière, c’est un peu trop, surtout dans un contexte de défiance croissante du public dans le domaine de la santé. Et puis, si ces imprécateurs soulignent qu’aucune étude n’a jamais prouvé l’efficacité des principes de Hahnemann, il leur reste à leur tour à convaincre quand ils dénoncent une supposée dangerosité de l’homéopathie

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9650