Danse

Pina Bausch, l'éternel retour

Par
Publié le 23/06/2022

Crédit photo : Crédit : Christian Clarke

Les chefs-d’œuvre, c'est entendu, n'ont pas d'âge. Ils échappent à l'usure du temps. Et nous saisissent par leur modernité. Barbe-Bleue, le spectacle de Pina Bausch/ Tanztheater Wuppertal présenté pour la première fois en France au théâtre de la Ville en 1979 et repris au théâtre du Châtelet s'inscrit dans cette rare catégorie. Paradoxe, l'émotion, intense pour le spectateur, échappe à tout sentimentalisme. Et se traduit par un choc esthétique. Se joue devant lui l'interminable violence dans les relations hommes/femmes, leur répétition ici rythmée par l'interruption tout au long de la représentation de la musique de Béla Bartòk comme pour mieux souligner l'inexplicable. On se cogne la tête contre les murs, on tombe de haut. La violence est toujours présente, tapie parfois sous un drap qui se révèle alors une arme de destruction massive. Pourtant les rapports de séduction ne sont pas oubliés. À d’autres moments, l'espoir surgit avec cette chaîne humaine au cours de laquelle les danseurs se donnent la main. Mais elle peut aussi relever de la danse macabre, voire de la Parabole des aveugles de Brueghel l'Ancien. 

Art unique

On l'a compris, si les images sont radicales, le propos est irréductible à toute interprétation simpliste. Et mobilise plutôt l'attention du spectateur, toujours en alerte. La chorégraphie se joue des limites du genre, à la lisière du théâtre. L'art de Pina Bausch est unique et s'inscrit définitivement dans la mémoire du spectateur. Le spectacle se donne jusqu'au 2 juillet. 

 

 

Barbe-Bleue, de Pina Bausch, théâtre du Châtelet, (théâtre de la ville hors les murs).


Source : lequotidiendumedecin.fr