« La Frontière de l'aube », de Philippe Garrel

Poésie en noir et blanc

Publié le 07/10/2008
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PHILIPPE GARREL se moque des critiques, il suit son chemin particulier* et il a raison, même si cela limite son public potentiel. Après « les Amants réguliers », lion d'argent au festival de Venise en 2005, il dirige à nouveau son fils Louis (son père Maurice, 85 ans, préférant maintenant la vie au cinéma, confie-t-il) pour un récit poétique inspiré d'une nouvelle de Théophile Gautier, « Spirite ». Tourné en noir et blanc parce que cela permet «d'être plus facilement dans l'imaginaire».

« La frontière de l'aube », cette heure où il est si facile de basculer dans le monde de ses cauchemars, commence par la passion violente qui naît entre un jeune homme et l'actrice qu'il vient photographier. Impossibles amours. Le garçon tombera à nouveau amoureux, mais...

Il faut accepter des dialogues artificiels et un montage abrupt pour se concentrer, comme Garrel, sur les trois personnages, filmés le plus souvent en gros plan, au plus près des passions et des terreurs qui les animent. Femmes fragiles, au bord de la folie (avec une séance d'électrochocs, pour laquelle le cinéaste s'est servi de ce qu'il a vécu dans les années 1970, sans souci des progrès réalisés depuis). Homme hanté par le souvenir ou une vraie apparition, à chacun de voir.

Au festival de Cannes, des critiques fatigués ont ricané. Les trois acteurs, Louis Garrel, Laura Smet et Clémentine Poidatz, ne le méritaient pas, non plus que le film, qu'on peut ne pas aimer mais non moquer. (1 h 45)

* Une rétrospective en 15 films est proposée à partir d'aujurd'hui au cinéma les 3 Luxembourg (Paris).

> R. C.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8435