Brève

Portrait d'une jeune fille en feu

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Publié le 19/03/2020
DVD

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Comment au-delà des péripéties de la soirée des Césars, et de la sortie très théâtrale d'Adèle Haenel regarder ce portrait d'une jeune fille en feu sur ses seules qualités artistiques? D'autant qu'en plongeant le spectateur dans une France d'avant la révolution au XVIIIe siècle, Céline Sciamma signe un film qui se veut atemporel, loin du bruit, de la fureur du monde contemporain. Et brosse avant tout l'éveil au désir dans une Bretagne isolée, en l'absence des hommes et de leur monde. Dans cette île paradisiaque, utopique, les sentiments de classe et de hiérarchie sociale auraient disparu. Entre servantes et maîtresses, seul compterait le lien affectif. La vocation de l'artiste, ici peintre, serait de faire éclore la sensibilité aux arts, avant-goût de la sensualité et de l'amour pur et fou, ici entre deux jeunes femmes interprétées par Adèle Haenel et Noémie Merlant. Pourtant si le film par la qualité de l'écriture, de l'image réussit à porter son ambition de recréer un monde à part, il agace parfois par son académisme visuel, ses parti-pris scénaristiques qui au final contribuent à donner au film son aspect lisse, voire sage, mais très nettement au-dessus du lot de la production cinématographique française. Alors même si l'ambition de réaliser un grand film n'est pas atteinte, ce portrait-là suscite étonnement et intérêt. Peut-être qu'à l'avenir Céline Sciamma ne devrait pas compter sur son seul talent qui est grand.

Portrait d'une jeune fille en feu, un film de Céline Sciamma, Pyramide distribution, 19,90 euros.         


Source : lequotidiendumedecin.fr