L'ÉTUDE, qui constitue une première mondiale, menée sous l'égide de l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), est maintenant terminée. C'est la première fois qu'un traitement par laser est réalisé en intracrânien, le crâne totalement fermé. Sur les 15 premiers traitements réalisés chez les 8 malades, on compte 6 éradications complètes de la métastase, dont 5 sont sans récidive à 9 mois, et 9 résultats partiels. Ce qui correspond à un gain important pour des patients chez qui l'espérance de vie est rarement supérieure à 3 mois, indique le spécialiste. Et les patients qui n'ont pu être traités que de façon partielle bénéficient d'une prolongation nette de la survie.
Les résultats sont «concluants», estime le Pr Carpentier, «sans aucune complication (oedème, épilepsie)». Pour autant, «ce type de traitement n'est pas appelé à être généralisé, précise le spécialiste . Il va être réservé aux métastases résistantes aux traitements connus.»
Récusés pour la chirurgie.
Les patients éligibles pour l'étude présentaient des métastases cérébrales de cancers pulmonaires ou du sein résistant aux traitements habituels (chimiothérapie, irradiation cérébrale totale, radiochirurgie) et étaient récusés pour la chirurgie. Le traitement est réalisé chez le patient conscient, sous anesthésie locale. La tête du malade est fixée dans un cadre de stéréotaxie. Une perforation de 3 mm est réalisée dans la paroi crânienne. Toute la procédure est réalisée sous guidage IRM, permettant de placer la sonde avec précision. Une fois le laser mis en contact de la tumeur, il est activé et chauffe pendant une ou deux minutes la métastase, provoquant sa nécrose. Les informations traitées par ordinateur en temps réel permettent d'ajuster l'énergie délivrée à la tumeur. «Des cartographies de la température permettent de prédire les zones nécrosées», précise le Pr Carpentier. Une IRM finale est réalisée pour s'assurer de la destruction de la métastase. Le traitement est indolore (il n'y a pas de récepteurs de la douleur dans le cerveau), la personne reste en observation à l'hôpital une douzaine d'heures, puis peut regagner son domicile.
La procédure utilisée, LITT (Laser-Induced thermal therapy ou, en français, traitement interstitiel thérapeutique au laser), qui permet de détruire les tissus en générant une énergie photocalorique, constitue un excellent moyen de réaliser une chirurgie mini-invasive, expliquent les auteurs de l'article dans « Neurosurgery ». L'énergie thermique est appliqué au contact des tumeurs via des fibres optiques de petit calibre (1,6 mm de diamètre), facilement introduites par de très fines aiguilles. Un système très élaboré de refroidissement de la sonde évite la surchauffe. Comparativement à d'autres techniques d'ablation, telles que la radiofréquence ou la cryoablation, la LITT est plus rapide et offre l'avantage d'être hautement compatible avec l'imagerie par IRM.
Monitorage précis de la zone à traiter.
Dans les études préliminaires (lire « le Quotidien » du 14 septembre 2007), les praticiens avaient rapporté que le couplage des deux techniques permet un monitorage précis de la zone à traiter, en évitant des dommages indésirables dans des zones de proximité.
Chez les 8 patients qui ont bénéficié de la technique entre décembre 2006 et février 2008, 15 tumeurs de 10 mm de diamètre ont été traitées (6 traitements complets et 9 partiels). En mars 2007, au vu des premiers résultats, l'équipe avait été autorisée à élargir les indications, en traitant plusieurs métastases chez un même patient, dont certaines plus grosses (30 mm de diamètre).
La technique est en évaluation aux États Unis dans les tumeurs du foie et d'autres organes, informe le Pr Carpentier. Ce spécialiste indique avoir «besoin de fonds pour poursuivre ses recherches au sein de son laboratoire de recherche en technologies chirurgicales avancées. Nous cherchons avec Julian Itzcovitz, physicien, à optimiser ce traitement toujours sous contrôle de l'IRM en temps réel».
« Neurosurgery », vol.63, juillet 2008.
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