« C’est à Neufchâtel, situé à 40 kilomètres du chef-lieu de Seine-Inférieure, que se trouve la maison de Bovary ; mais bien que Neufchâtel réponde par plus d’un point à la description d’Yonville-l’Abbaye, faite par Flaubert, cette ville n’est cependant pas le théâtre du roman.
“Madame Bovary” fut conçu et charpenté de pièces et de morceaux, d’un récit vrai sur celui-ci, d’une médisance sur cet autre. Et, ce qui le confirme, c’est le fait qu’en janvier 1857, quand fut intenté à l’auteur ce ridicule procès pour outrage aux mœurs, qui n’eût pour résultat que de faire lire le roman par quantité de gens qui l’eussent ignoré peut-être, on crut reconnaître dans bon nombre de villes de la Seine-Inférieure les Bovary, Homais, Léon et Adolphe, qu’on prit, sans trop de complaisance, pour tel ou tel personnage.
Charles Bovary (Eugène D.), naquit à Rouen le 14 novembre 1812. Reçu à grand-peine officier de santé après des études assez laborieuses à l’École de Rouen, où il suivit les cours du père Flaubert, le grand chirurgien, D… vint s’installer à Ry (arrondissement de Rouen, canton de Darnetal), où il succéda à un vieux médecin qui venait de quitter la commune pour s’installer à Belleville près Rouen. Ses débuts furent des plus pénibles. Il était installé depuis peu de temps quand il épousa à Fresne-le-Plan, le 18 avril 1836, en premières noces, une jeune fille de 29 ans – il en avait 24 – qui mourut phtisique à Ry, le 12 décembre 1838, deux ans et demi après son mariage.
Huit mois après, le 7 août 1839, Eugène D… épousait celle que Flaubert devait faire passer à la postérité sous les traits d’Emma Bovary. C’était la fille d’un cultivateur de Blainville-Crevon que D… avait connue, du vivant de sa première femme, et qui n’était âgée que de 17 ans et demi – elle sortait à peine d’un pensionnat – quand elle devint la seconde épouse de l’officier de santé.
D… n’était pas le naïf et le lourdaud que Flaubert nous a représenté pour les besoins de la cause. Joli garçon, de belle allure et aimable homme, il eût charmé toute autre femme que la sienne. Et ses succès galants furent nombreux même, ce qui ne manqua pas de désunir ce ménage si désuni déjà. Mais l’officier de santé ne réalisait pas le type conçu par Delphine D…, l’Emma du roman, qui était “une ravissante coquette, avec un penchant marqué vers la rêverie, la poésie et une profonde indifférence pour ses devoirs d épouse”.
Après une lune de miel de courte durée, elle se persuada que son mari n’était décidément pas l’homme de ses rêves ; et, dès lors, “ce fut un cœur abandonné à la fantaisie et aux audaces des soupirants et prêt à toutes les faiblesses, à toutes les folies”. »
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