Les dépenses de santé augmentent inexorablement. Pourtant, tout est entrepris par les gouvernements successifs pour contenir la note. Le PLFSS adopté mardi par le parlement n’échappe pas à la règle. Alors que le trou de la Sécu refait parler de lui, les politiques misent sur un levier qui concerne au plus haut point les généralistes : le médicament. Près d’un milliard d’euro d’économie est attendu grâce à des baisses de prix et aux génériques l’an prochain.
Dans le cadre du projet de loi anti-gaspillage, l’Assemblée a adopté à partir de 2022 la vente de médicaments à l’unité, qui n’avait jusqu’ici été qu’expérimentée. La profession est sans cesse invitée à prescrire moins et mieux. Ces dernières années, la primo-prescription de nombreux médicaments lui a été retirée (Crestor® et rétinoïdes par exemple). D’autres ont échappé de peu à ce couperet (benzodiazépines, pilules de 3e génération).
Ces derniers mois, la liberté de prescription est de nouveau sérieusement bousculée. Et ce monopole est désormais soumis à rude concurrence. Après avoir autorisé la prescription pharmaceutique – ou plutôt la délivrance protocolisée de traitements habituellement sur prescription médicale – pour être politiquement correct, le gouvernement réfléchit à l’ouverture encadrée d’un droit de prescription des infirmiers...
Dans le même ordre d’idées, la dispensation adaptée devrait voir le jour. Quoiqu’objet de discorde, ce dispositif, inscrit dans la convention pharmaceutique, prévoit une rémunération des officinaux lorsqu’ils réduiront la quantité de médicaments délivrés aux patients. Inutile de dire tout le mal que pensent les médecins de cette mesure considérée comme une menace pour leur liberté même de prescription.
Cerise sur le gâteau, comme si la marge de manœuvre des généralistes restait malgré tout encore trop large, les autorités viennent de restreindre la mention “non substituable”. Dès 2020, le médecin ne pourra plus en faire l’usage que dans trois cas précis. Un syndicat appelle déjà au boycott des nouvelles règles, s’alarmant de cette « dérive administrative ».
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