En politique, la vérité d’un jour est rarement celle du lendemain. Il y a une semaine à peine, Agnès Buzyn jurait ses grands dieux qu’elle ne s’engagerait pas dans les municipales, trop occupée par l’épidémie du coronavirus, la réforme des retraites ou la crise de l’hôpital public… À peine 48 heures plus tard, contrainte par l’Élysée ou soulagée d’écourter un bail de plus en plus précaire, elle se déclarait candidate pour la majorité présidentielle à la mairie de Paris. Et démissionnait aussitôt du gouvernement pour se consacrer à la conquête de la capitale. « J’y vais pour gagner », a-t-elle déclaré, comme s’il lui eut été possible de dire autre chose.
La séquence politique qui vient de s’écrire fut aussi surprenante qu’inattendue. Sans queue ni tête. Pour avoir exhibé la première, Benjamin Griveaux a perdu la seconde. Et provoqué un chambardement dans le monde de la santé qui s’en serait bien passé. Les généralistes ont donc depuis lundi un nouveau ministre.
Un médecin succède à un médecin au chevet de ce ministère malade. Il revient désormais au Dr Olivier Véran, ex-député de l’Isère, de reprendre en main la politique de santé du gouvernement. Et en priorité les dossiers urgents laissés vacants par sa prédécesseure. Sur le coronavirus, il s’est engagé à informer les Français en toute transparence. À l’hôpital, toujours sous tension malgré les plans successifs, il a annoncé une énième enquête sur le mal-être des soignants. Quant aux médecins généralistes, ils pressent l’ex-neurologue du CHU de Grenoble de ne pas mener une politique hospitalo-centrée.
Les syndicats médicaux ont salué l’arrivée du nouveau locataire de l’avenue de Ségur. Sur le terrain, les médecins sont beaucoup plus circonspects. Ils ont toujours en travers de la gorge le forfait de réorientation porté par l’ex-député, qui permettra bientôt de rémunérer 60 euros les services hospitaliers réorientant un patient vers la médecine de ville. Sur tous les fronts depuis sa prise de fonction, Olivier Véran s’est engagé à être le ministre de tous les médecins. Plus qu’une promesse, les généralistes attendent maintenant des actes.
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