Manifestation des hospitaliers du 4 décembre

Sébastien Lardeux (FO-santé) : « L'hôpital public est en plein effondrement, il faut un vrai plan pour le sauver »

Publié le 16/12/2021
Retour sur la genèse du mouvement du 4 décembre pour l'hôpital public avec Sébastien Lardeux, secrétaire FO de l'hôpital de Mayenne.

En quoi l'hôpital de Mayenne est-il à l'origine du mouvement national pour l'hôpital public du 4 décembre ?

L'annonce de la mobilisation du 4 décembre vient en effet de la Mayenne, plus précisément du centre hospitalier du nord de la Mayenne. Notre établissement qui compte 1 100 salariés manque de 22 infirmières pour faire les plannings, ce qui met en difficultés les services, avec une explosion des heures supplémentaires. En juin dernier, un projet de l'ARS prévoyait la fermeture de la chirurgie conventionnelle et de la surveillance continue et le transfert d'une partie des activités sur l'hôpital support. L'objectif était de transformer notre établissement en hôpital gériatrique d'excellence. Aussitôt après avoir appris la nouvelle, nous sommes montés au créneau avec l'association des usagers de l'hôpital pour dénoncer le dépeçage des activités de l’établissement. Pire, aucune étude d'impact n'avait été réalisée sur la santé des Mayennais. Conséquence, en réaction, le 26 juin dernier, nous avons réussi à mobiliser plus de 2 500 personnes sur une ville de 14 000 habitants. Résultat, l'ARS a suspendu le projet pour le retravailler. Au mois de septembre, elle nous a renvoyé le même projet allégé. Nous nous sommes mobilisés une deuxième fois le 9 octobre avec 4 000 manifestants cette fois-ci. Nous avons ensuite pris la décision d'aller directement à Paris le 4 décembre pour demander des comptes au ministère de la Santé : 500 personnes se sont mobilisées pour s'y rendre. Entre-temps, Jean Castex nous a rencontrés lors d'une inauguration d'un Zénith fin octobre et a nommé un médiateur pour discuter de la situation avec l'ARS.

Pourquoi Mayenne a été le point de départ d'un élan national ?

Nous avons été surpris que beaucoup d'organisations et de collectifs aient décidé de soutenir notre appel du 4 décembre. Mayenne est un cas emblématique de ce qu'il se passe dans tous les départements. Car il y a toujours des projets d'ARS de fermetures de lits dans le cadre de Ma Santé 2022. La problématique est que de nombreux services ferment à cause du manque de médecins et de personnels. En témoigne la fermeture cet été de près de 300 lits par manque de personnels. La Sarthe, un département voisin, a vu ses urgences fermer au Bailleul, à Château-du-Loir, à Mamers. Clairement, la population ne peut plus supporter que cette politique de destruction de l'hôpital public se poursuive. Or nous avons été agacés après avoir été reçus par le Premier ministre de ne pas voir le ministre à Paris. Bref, l'hôpital est en plein effondrement. On ne parvient à recruter aucune infirmière. On est appelé sans cesse pendant nos congés. Il faudrait un vrai plan pour sauver l'hôpital public.


Source : lequotidiendumedecin.fr