Certains s’en faisaient une montagne... Le Grenelle contre les violences conjugales a accouché d’une souris. Au terme de trois mois de débats, Édouard Philippe a présenté lundi une trentaine de mesures pour combattre le phénomène des violences au sein du couple et éviter que chaque année plus de 100 femmes meurent sous les coups de leur compagnon.
Malgré quelques avancées notables comme la prise en charge psychologique des agresseurs, l’introduction de la notion d’emprise dans le code pénal, ou l’accessibilité sans interruption du numéro d’écoute 3919, ce plan d’actions et son financement modeste (360 millions d’euros), a déçu les associations féministes. Ce rendez-vous laissera aussi un goût amer aux médecins, finalement peu associés aux débats. Seules deux mesures les concernent directement : la généralisation du dépôt de plainte à l’hôpital et l’aménagement du secret médical pour faciliter le signalement à la justice des violences conjugales.
Ce sujet étant éminemment sensible, le gouvernement a entamé une concertation avec l’Ordre. à voir l’évolution des déclarations du Premier ministre et de Marlène Schiappa, la mesure est loin d’être aboutie. La secrétaire d’état a surpris en annonçant mardi que le signalement au procureur de la République resterait « à l’appréciation du soignant et devrait être effectué « en prévenant la femme ». Or, c’est déjà ainsi que fonctionne la procédure.
Une récente tribune à l’Obs de 65 confrères l’a illustré, les médecins, et notamment les généralistes, sont prêts à jouer un plus grand rôle dans le repérage et la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales. Inquiets de voir entamée la confiance avec leurs patientes, ils refusent de devenir les boucs émissaires d’une prise en charge globale aujourd’hui souvent défaillante.
Plutôt que de maltraiter le secret médical, il leur apparaît ô combien plus urgent d’améliorer l’instruction par la police des dépôts de plainte, de rendre plus efficace l’action de la justice ou encore d’accroître la capacité d’hébergement en urgence des victimes.
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