Seize ans après, un risque métabolique chez les enfants exposés au « nuage toxique » du 11 septembre

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Publié le 11/09/2017

L'exposition au nuage de débris toxiques est associée à long terme à un risque augmenté d'anomalies lipidiques, révèle une étude américaine chez une centaine d'individus qui vivaient dans le sud de Manhattan (« Lower Manhattan ») à proximité des tours jumelles lors de l'attentat alors qu'ils étaient enfants ou adolescents.

Selon l'étude du NYU Langone Health et publiée en ligne dans « Environment International », les sujets ayant présenté des taux élevés de toxiques provenant du nuage dans l'enfance ont, 16 ans plus tard, des anomalies du bilan lipidique, notamment avec augmentation du LDL-cholestérol et des triglycérides.

Des conséquences psychologiques mais aussi physiques

Pour Leonardo Trasande, épidémiologiste à la NYU School of Medicine et investigateur principal, « depuis le 11/09, nous avons porté beaucoup d'attention aux retombées mentales et psychologiques d'avoir assisté à la tragédie, mais ce n'est que maintenant que les conséquences potentielles physiques d'avoir été dans la zone sinistrée deviennent claires ».

Les chercheurs ont exploité les données du registre appelé World Trade Center Health Registry (WTCHR) ayant inclus près de 2 900 enfants vivant là ou allant à l'école à Manhattan, la grande majorité étant adultes aujourd'hui. L'objectif de ce WTCHR était de surveiller leur santé physique et mentale à l'aide d'un bilan annuel.

Surveiller le bilan lipidique

Pour leur travail, les chercheurs se sont concentrés sur les analyses sanguines de 308 enfants, dont 123 ayant été en contact direct avec le nuage toxique. Ces mêmes 103 enfants avaient des taux significativement plus élevés de substances perfluoroalkylées, notamment de l'acide perfluorooctanoïque (PFOA), par rapport à 185 enfants n'ayant pas été présents dans la ville le jour du drame. Le PFOA, très utilisé pour rendre les plastiques plus flexibles, a été abandonné en raison de ces effets sur la santé (retard de croissance in utero, lésions cérébrales).

En analysant les données de rigidité artérielle, d'insulinorésistance, d'indice de masse corporelle et de bilan lipidique, les chercheurs ont retrouvé que des taux de PFOA sont associés à une augmentation significative des triglycérides et du LDL cholestérol.

Ces anomalies lipidiques, qui exposent à terme à un risque cardiaque augmenté, peuvent être généralement normalisées par un régime, le contrôle du poids et de l'exercice physique, se satisfait Leonardo Trasande. « Notre étude souligne l'importance de surveiller les conséquences sanitaires du 11/09 chez les enfants exposés à la poussière et laisse l'espoir qu'une intervention précoce pourra réduire certains dangers pour la santé causée par le sinistre », conclut-il.  


Source : lequotidiendumedecin.fr