Une expérience rapportée dans The Lancet

Six jours dans une crevasse

Publié le 11/02/2013
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Crédit photo : AFP

SI ON DEMANDAIT à cet homme Autrichien s’il conserve un mauvais souvenir de son séjour dans une crevasse de 10 m de profondeur, alors qu’il randonnait sur un glacier à 3 000 m en août, il répondrait sans doute que non : il est déjà reparti en randonnée. Pourtant, il était bien persuadé vivre ses dernières heures après 4 jours d’appels au secours infructueux. À quoi a tenu sa survie ? Les chances étaient minces. De par son âge, la température basse ambiante et l’humidité proche de la saturation, l’absence de réseau cellulaire, l’absence d’une fourniture suffisante en eau, et l’existence de fractures multiples qu’il s’était faites en tombant : os malaire, colonne vertébrale, grand trochanter, côtes.

Une robustesse exceptionnelle.

Sa survie a certainement tenu à la robustesse exceptionnelle de sa constitution. Hormis des antécédents de fractures, son passé médical était vierge. D’ailleurs, la température centrale de cet homme ne s’est réduite que de 3,5 °C en 6 jours, ce qui est tout à fait inhabituel dans ces conditions de froid et d’immobilité. Sa constitution lui a permis en outre de résister au manque d’eau potable. La déshydratation et les pertes électrolytiques dans les urines et la transpiration sont plus préjudiciables pour la survie que le manque de nourriture, rapportent les auteurs de l’observation. Certes il y avait un peu d’eau de fonte du glacier, mais on apprend à cette occasion qu’elle se caractérise par son absence d’électrolytes. C’est comme de l’eau distillée. L’homme a d’ailleurs rapporté avoir souffert d’une soif extrême. Il a aussi résisté à la panique.

Un élément essentiel de son maintien en vie a été sa couverture de survie, dans laquelle il est resté enveloppé. Elle lui a permis d’éviter une part de déperdition de chaleur et la pénétration excessive par l’humidité. « Les couvertures de survie sont obligatoires dans les trousses de secours des automobiles dans beaucoup de pays. Elles sauvent des vies aussi au cours de randonnées loin de tout.

Peter Paal et coll. The Lancet, vol. 381, 9 février 2013.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9217