Quand mal à la gorge = angine… Brûlure mictionnelle = cystite…
Pourquoi ne pas poursuivre : mal à la tête = migraine… Toux = bronchite… Et bien d’autres…
Est-ce le devenir de la médecine au 21° siècle ? Le symptôme doit-il remplacer la clinique que nos maîtres nous ont patiemment enseignée ? J'avais cru comprendre que l’examen clinique était un préalable à toute conclusion hâtive.
Combien de diagnostic avons-nous rétabli après examen alors que le patient ou l'interrogatoire nous orientait différemment ? Combien de surprises (bonne, mauvaise ou cocasse) n’avons nous pas eues, simplement en examinant un patient de façon attentive.
Les médecins généralistes sont surchargés, parfois démotivés, les vocations à s’installer sont rares. On déplore les déserts médicaux. Est-ce en nous ôtant l'essentiel de notre métier (l’acte clinique) que la situation s’améliorera ?
Ne vaut-il pas mieux nous décharger de tâches administratives chronophages et qui, en cas d’erreur, ne mettront pas la vie en péril. Les multiplications de dossiers MDPH, les bons de transport, voire même les durées d'arrêts de travail – puisque maintenant nous avons des référentiels — peuvent être délégués sans risque pour la santé du patient et rendraient du vrai temps médical au médecin, tout en améliorant sans doute l'attractivité et la qualité de notre profession.
Car mal à la gorge, cela peut être aussi un RGO, un néoplasme ORL, une pathologie cardiovasculaire, hématologique… Une cystite n’est pas forcément si simple que cela, surtout lorsqu'elles se répètent ; et plus les intervenants se multiplient, plus le suivi est incertain. Un bon examen clinique et un bon suivi évitent souvent des examens para cliniques inutiles et aident à orienter les patients de façon optimale.
De récentes études laissent à penser que, contrairement à d'autres spécialités, la médecine générale survivra au développement de l'intelligence artificielle. Faudra-t-il encore qu’elle survive au découpage de nos attributions pour instaurer une médecine « low-cost » ? Mais pourra-t-on encore parler d'acte médical ?
Si on nous ampute régulièrement, nos stéthoscopes en berne ne vivront que de souvenirs. Rendons à la médecine générale ses fondamentaux : interrogatoire - examen clinique - hypothèses diagnostiques — bilan paraclinique éventuel - prise en charge thérapeutique. Ne zappons pas d'étapes qui pourraient coûter cher au patient et à la collectivité. Soyons lanceur d’alerte auprès des autorités et surtout auprès de nos patients. Il est encore temps de réagir ; après il sera peut-être trop tard.
Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr .
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature