La santé était au cœur des débats présidentiels ce mardi au Palais Brogniart. Hormis Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, tous les candidats à la présidentielle étaient venus au rendez-vous de la Mutualité pour décortiquer leur programme santé. Une démarche d’autant plus importante que, d’après un sondage Harris Interactive pour la FNMF, 72% des Français considèrent que les candidats ne parlent pas assez de santé et la même proportion qu’ils en parlent mal, de façon déconnectée de leurs préoccupations.
François Fillon lisse son programme
François Fillon lors des débats de la primaire de la droite et du centre avait été le premier à mettre ce sujet sur la table … et aussi à se prendre au piège de ses propres audaces. Sa proposition de dérembourser le "petit risque" avait provoqué une levée des boucliers chez les Français très attachés au système universaliste français. Son intervention lors de ce rassemblement était donc l’occasion de présenter un projet santé rebâti. « Le niveau de prise en charge des dépenses par l’assurance-maladie ne diminuera pas » assure le candidat qui fait donc volte-face sur sa proposition la plus controversée. L’ancien premier ministre va même plus loin en annonçant vouloir tendre vers un reste à charge zéro pour les dépenses les plus coûteuses (optique, dentaire, audioprothèse…). Sans oublier ses intuitions initiales, puisqu'il se fait fort d'y parvenir « grâce à un nouveau partenariat entre la Sécurité sociale et les organismes complémentaires ».
Cette nouvelle feuille de route n’a pas manqué de faire réagir ses adversaires. Emmanuel Macron a par exemple assuré avoir été « le premier » à proposer la prise en charge à 100% des prothèses auditives, optiques et dentaires. « Parfois on dit que vous n'avez pas de programme mais on peut le recopier », a-t-il dit. Et Benoît Hamon s’est amusé de ce revirement, « Il y avait Fillon 1: je dérembourse", "il y a maintenant Fillon 2: je rembourse à 100% les lunettes, les prothèses auditives et dentaires", a commenté le candidat socialiste.
Mais ce n'est pas tout pour François Fillon, qui veut désormais créer « une consultation de prévention longue et gratuite tous les deux ans, pour tous les Français », la prise en charge à 100% des lunettes pour enfants dès 2017 ou encore des aides à l’acquisition d’une complémentaire santé pour les seniors. Il n’a pas réitéré sa proposition faites dans Le Parisien de rémunérer les médecins libéraux 40 euros mais il a confirmé son intention de supprimer le tiers payant. Quant à la suppression des postes de fonctionnaires, donc à l’hôpital, il a assuré : « ça ne doit évidemment pas toucher les soignants », les réductions d’effectifs portant « principalement sur les fonctions administratives ».
Les autres gardent le cap
Pas d'opération clarification en revanche du côté des autres candidats, chacun campant sur sa ligne et ses thèmes de prédilection. Emmanuel Macron appelle ainsi à une « vraie révolution de la prévention » qui passe notamment par une diversification des modes de rémunération des professionnels ou un service sanitaire de trois mois dans les territoires pour les étudiants en médecine. Le candidat confirme aussi sa volonté de doubler le nombre de MSP d’ici 2022 et de mettre le paquet sur l’innovation pour développer le numérique et la télémédecine. Sur l’hôpital, Emmanuel Macron a promis d’investir 5 milliards d’euros alors qu’il compte maintenir autour de 2,3% l’Ondam pendant le quinquennat. Il veut aussi « plafonner à 50% » la T2A ou élargir les GHT au privé. Enfin, pour faire des économies sur des hospitalisations longues il entend développer les maisons de répits et de suite.
Benoît Hamon, tout comme Yannick Jadot, veut lui aussi revenir en partie sur la T2A à l’hôpital. Comme Emmanuel Macron, il promet de mieux rembourser soins optiques, dentaires et prothèses auditives. Mais à la différence de celui-ci, il souligne que c’est la part de la Sécurité sociale qui doit augmenter. Pour le reste, le candidat socialiste est resté attaché à ses sujets de prédilection : reconnaître le burn out dans les maladies professionnelles, rembourser la prescription de sport, bannir les perturbateurs endocriniens, lutter contre la pollution aux particules fines en sortant du diesel. Des considérations sur la santé environnementale qui font naturellement écho à celles du candidat écologiste Yannick Jadot qui veut par exemple la sortie des pesticides. Tiens, tiens...
Mais la palme de la générosité va à Nicolas Dupont Aignan. Il propose un Ondam entre 2,5 et 3%, un C à 35 euros, un numerus clausus de 10 000 têtes par an ou encore une exonération de charges sociales pour les médecins dans les déserts médicaux.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature