Tribulations en Chine

ARTS

par JEAN-JACQUES LEVEQUE

A VEC ses deux cents pièces découvertes après 1973, l'exposition « Chine : la gloire des empereurs » fait suite à celle qui, en 1973, proposait « les Trésors chinois ». C'est, dans les deux cas, une manière d'inventaire des prodigieuses découvertes archéologiques qui ont été faites ces dernières années et permettent une vision radicalement renouvelée des premières dynasties chinoises.

Chronologiquement, voici les débuts de l'âge du bronze (périodes des Shang et des Zhou) jusqu'à l'époque des Liao (le premier millénaire). C'est dans la province centrale de Shaanxi qu'on a découvert les plus importantes pièces de cet ensemble. En particulier, le mobilier des tombes.
Pour illustrer l'état de civilisation avancée dès la période des Shang, un art du bronze développe son sens du majestueux. L'accent est particulièrement mis sur la dynastie des Qin (autour de 200 av. J.-C.), avec ce théâtral défilé figé, muet, des soldats. C'est sans doute une des découvertes archéologiques les plus stupéfiantes du siècle. L'accompagnement plus aimable des bijoux, des pièces d'orfèvrerie, des céramiques, de la terre cuite, de la vaisselle, de la parure et de la statuaire témoigne bien de la diversité des solutions plastiques trouvées pour répondre à la fois à un goût prononcé et presque aggressif du luxe et des nécessités pratiques.
On ne pouvait concevoir un panorama du génie chinois sans en clore le développement par le choix d'une quinzaine d'œuvres du peintre contemporain Zao Wou Ki en qui s'incarne à la fois la tradition locale et la modernité internationale. Preuve, s'il le fallait, que tout art s'ancre dans une histoire, une localisation, mais qu'il peut renouveler ses formes, retrouver chaque fois un nouveau souffle.
Parallèlement, le Musée de Picardie d'Amiens propose « Chine, l'apogée des Song », une exposition qui, pour répondre à son titre, s'attache tout particulièrement à cette dynastie qui règne de 960-1126 (Song du Nord) et 1127-1279 (Song du Sud), avant de s'éteindre à son tour sous la poussée des Yuan. Une exposition offrant une vision autant géographique et historique qu'esthétique de cette grande tranche de civilisation.
La complète ce « Passe-murailles, nouvelles scènes de l'art contemporain chinois » , illustré par des œuvres de Fang Lijun, Gu Dexin, Liu Zheng, Shao Fan, Zhang Peili, Zhang Xiaogan.

« Chine : la gloire des empereurs ». Petit Palais, Paris, jusqu'au 28 janvier. Ouvert du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h 40, nocturne le jeudi jusqu'à 20 h.
« Chine, l'apogée des Song » et « Passe-murailles, scènes de l'art contemporain chinois ». Musée de Picardie, Amiens. Jusqu'au 18 mars.
Lecture : « China Express », photographies de Christophe Fouin. Paris Musée/Actes Sud.