Tuberculose : des progrès importants mais un financement qui fait défaut selon l’OMS

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Publié le 28/10/2015

Les objectifs du millénaire concernant la tuberculose sont atteints, mais les efforts, surtout financiers, sont insuffisants pour espérer passer à la phase d’élimination de l’épidémie, selon le rapport 2015 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la tuberculose.

En 2014, 9,6 millions de nouveaux cas de tuberculose ont été recensés dans le monde, soit plus que les années précédentes. Selon l’OMS, cette hausse est principalement due à l’amélioration du diagnostic et de la fiabilité des données épidémiologiques. C’est notamment ce qui explique le doublement du nombre de cas en Indonésie en quelques années avec désormais 1 million de malades.

43 millions de vies sauvées depuis 2000

En 2014, la tuberculose a fait 1,5 million de victimes, donc 400 000 patients co-infectés par le VIH. Si cette mortalité reste très importante, elle a tout de même chuté de 47 % depuis 1990. Le gros de cette diminution a eu lieu depuis 2000 : 43 millions de vies ont été sauvées entre 2000 et 2014 par l’amélioration du diagnostic et des traitements.

L’objectif pour le millénaire concernant la tuberculose consiste en une division par 2 du taux de mortalité lié à la pathologie. C’est désormais chose faite l’ensemble des 3 régions de l’OMS et dans 16 des 22 pays qui rassemblaient 80 % des cas de tuberculoses dans les années 1990. Le taux d’incidence a quant à lui diminué de 18 % depuis 2000.

Le diagnostic reste perfectible, puisque 37 % des nouveaux cas de tuberculoses de 2014 n’auraient pas été diagnostiqués. Ce constat est particulièrement vrai en ce qui concerne les 480 000 cas d’infections par des souches multirésistantes de Mycobacterium de la tuberculose (3,3 % du total des cas, une part qui évolue peu), dont seulement un quart a été diagnostiqué. Par ailleurs, la moitié seulement des cas de tuberculoses multirésistantes ont été traités avec succès. Tous ces chiffres proviennent des données nationales fournies par 129 pays, ainsi que par 18 études nationales de prévalence menées depuis 2009.

L’ère des « objectifs de développement durable »

En 1991 l’assemblée mondiale de la santé avait défini les cibles à atteindre avant 2000 : 70 % de cas détection et 85 % des malades traités. Ce n’est cependant qu’en octobre 1995, que la première stratégie globale de lutte contre la tuberculose a été mise en place par le Dr Mario Raviglione directeur du département Halte à la tuberculose de l’OMS. Une vingtaine d’années plus tard, le Dr Raviglione estime qu’il est temps d’entrer dans « l’ère des objectifs de développement durable ».

Le nouvel objectif : abaisser l’incidence de l’épidémie en dessous de 100 cas par millions d’ici 2035 dans la totalité des pays membres de l’OMS. L’agence annonce vouloir basculer d’une stratégie visant à arrêter la progression de la tuberculose à une stratégie pensée pour y mettre fin purement et simple, votée par l’assemblée générale de la santé en 2014. « Nous allons devoir changer nos mentalités au cours des 20 années qui viennent, poursuit le Dr Raviglione, nous allons notamment devoir exploiter les nouvelles technologies de l’information. Ces technologies ne modifieront pas la prise en charge, mais elles faciliteront nos efforts pour apporter les traitements à tous ceux qui souffrent de la tuberculose. »

Mais pour y parvenir, il faudra combler les manques pointés par le rapport en matière de financement. L’OMS estime en effet qu’il a manqué, en 2015, 2,7 milliards sur les 8 nécessaires au financement du diagnostic, du traitement et de la recherche.

Encadré

Le rapport 2015 sur la tuberculose de l’OMS sort au moment même où les discussions en cours sur la loi de finances 2016 mettent en question la contribution française au Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Face à la commission élargie examinant la partie II du projet de loi de finance pour 2016, la secrétaire d’État chargée du Développement et de la Francophonie Annick Girardin a évoqué une « baisse de 20 millions » de la participation de la France au fond mondial.


Source : lequotidiendumedecin.fr