C’est au nouveau Palais des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, que sont réunis depuis ce week-end près de 32 000 participants au congrès annuel de l’European Society of Cardiology (ESC). Couplé cette année au congrès mondial de la discipline, l’événement représente, selon les mots de sa présidente, le Pr Karen Sliwa (Cape Town), le top du top de la cardiologie mondiale.
Depuis quelques années, l’insuffisance cardiaque (IC) se place en pôle position des congrès, avec cette année deux études présentées dans la première session des « hot lines ».
Etude DAPA-HF: la dapagliflozine bénéfique dans l'IC, même chez les sujets non diabétiques
Baptisée DAPA-HF, la première confirme le bénéfice cardiaque obtenu avec l’antidiabétique dapagliflozine, au-delà du contrôle du diabète. Différentes études laissaient déjà entendre que les gliflozine (ou inhibiteurs de SGLT2) pourraient exercer un effet cardio-protecteur indépendamment de la baisse de la glycémie. Cela a débouché sur divers essais étudiant leur impact sur la dysfonction ventriculaire gauche y compris chez les non diabétiques, dont l’étude DAPA-HF. Dans ce travail, la dapaglifozine montre qu’elle réduit le risque de décès et d'hospitalisation chez les insuffisants cardiaques à FEVG altérée qu’ils soient ou non diabétiques. Les participants de cette étude internationale étaient recrutés sur la présence d’une insuffisance cardiaque (FEVG < 40). Parmi les 4 774 patients, 45 % avaient un diabète de type 2 (DT2) connu et 3 % un DT2 non diagnostiqué. De par leurs caractéristiques cliniques et thérapeutiques, ils étaient représentatifs des populations d’insuffisants cardiaques dans la vraie vie.
Après 18 mois de suivi, l’association de l’iSGLT2 au traitement optimal de l’IC réduit très significativement (-26 %, p < 0.00001) les évènements du critère primaire (aggravation de l'IC nécessitant une hospitalisation ou une consultation en urgence ou décès d'origine CV), ainsi que la mortalité toute cause (-17 %). La tolérance était bonne, et on ne retrouvait pas dans le bras dapagliflozine de différences significatives par rapport au placebo pour les hypovolémies, ni pour les hypoglycémies majeures, amputations ou fractures, ces trois derniers évènements restant rares. « Cette étude pourrait avoir des implications cliniques importantes, peu de molécules ayant apporté une telle amélioration dans l'IC » s’est félicité le Pr John McMurray (Écosse).
Etudes PARAGON: résultats mitigés pour l’association sacubitril/valsartan dans l’IC à fonction systolique préservée
Les résultats de la seconde étude qui a testé l’intérêt de l’association sacubitril/valsartan dans l’insuffisance cardiaque à fonction systolique préservée (ICFSP) sont plus mitigés.
Après l’étude PARADIGM ayant démontré l’intérêt de ce traitement dans le traitement de l’IC à FEVG altérée, on espérait qu’il bénéficierait aussi aux ICFSP pour lesquelles on ne dispose pas de traitement vraiment probant en dehors de celui des facteurs de risque. L’essai PARAGON a donc comparé chez 4822 insuffisants cardiaques authentifiés dont la FEVG était > 45 %, le sacubitril/valsartan au valsartan seul. Après 34 mois de suivi, le critère primaire (hospitalisations pour IC et décès d'origine cardiovasculaire) n'est pas atteint, avec une réduction de 13 % des évènements non statistiquement significative. On constate un impact favorable sur un certain nombre de critères secondaires comme la qualité de vie, l’amélioration de la classe NYHA ou la fonction rénale, témoignant d’un bénéfice global modeste. « Il semble surtout que la réponse au traitement soit particulièrement hétérogène selon les sous-groupes, explique le Pr Scott D. Solomon (USA) « avec un effet plus important chez les femmes et lorsque la FEVG est inférieure à la moyenne de l’étude (57 %) ».
En ce qui concerne les effets indésirables, le sacubitril/valsartan provoque un peu plus d’hypotensions mais moins d'hyperkaliémies et de dysfonction rénale que le valsartan seul.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature