États Généraux de la BPCO

Un diagnostic pas assez précoce au goût des associations

Publié le 11/01/2016
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

La Fédération européenne des associations de patients atteints d’allergies et de pathologies respiratoires (EFA) ainsi que la fédération française des associations et amicales de malades, insuffisants ou handicapés respiratoires (FFAIR) ont présenté leur proposition pour améliorer la prise en charge des patients BPCO. Selon Christine Rolland, présidente de l’EFA, « jusqu’à 10 % des adultes sont atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), dont 10 % doivent être mis sous oxygène. Pour maintenir ces patients à un stade léger ou modéré de la maladie, il faut développer le diagnostic précoce. »

Ce dernier s’appuie en partie sur la comparaison entre la capacité vitale lente et la capacité vitale forcée mesurées par spirométrie. Malgré les évaluations positives de la haute autorité de santé (HAS), la spirométrie est encore peu ou mal employée dans les cabinets de médecine générale, faute d’une valorisation et de formations adéquates.

Une formation expérimentée en 2016

Pour résoudre le problème de la formation, la société de pneumologie de langue française, la fédération française de pneumologie (FFP) et le collège de médecine générale ont entamé des discussions avec la Caisse nationale de l’assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) pour mettre en place, en 2016, l’expérimentation d’une formation mise au point par le Pr Nicolas Roche de l’hôpital Hôtel-dieu et chef du groupe BPCO de la SPLF. « Il s’agit de coupler des cours théoriques à l’utilisation de spiromètres connectés permettant un retour automatisé de contrôle qualité. Cela a déjà été expérimenté en Espagne », explique le Pr Bruno Housset, président de la FFP. Le test par spirométrie est en effet un « examen peu reproductible car il demande une participation active du patient, explique le Pr Gérard Dubois de l’académie nationale de médecine. Selon les conditions de l’examen, on n’obtient pas les mêmes réponses. »

La conséquence du sous diagnostic dénoncé par les associations : « deux patients sur trois ne savent pas qu’ils sont malades, alors que c’est une maladie grave, évitable et traitable », rappelle le Pr Housset. Au-delà du faible recours à la spirométrie, poser un diagnostic de BPCO n’est pas chose facile. Un rapport VEMS/CV inférieur à 70 % n’est pas toujours suffisant. « Ce rapport change avec l’age, et l’on a des faux positifs après 50 ans, rappelle le Pr Housset. On se demande d’ailleurs s’il ne faut pas se concentrer sur la recherche des formes sévères de BPCO qui restent sous diagnostiquées : 16 % d’entre elles passent inaperçues avant la première hospitalisation. »

Un accès restreint à la réhabilitation

Les associations s’inquiètent aussi du faible accès à la réhabilitation pulmonaire. « Il y a 400 à 450 centres de réhabilitation en France, c’est trop peu », estime Christine Rolland. L’aide insuffisante à l’arrêt du tabac est également pointée du doigt. « La dépression, fréquente chez les patients BPCO est associée à une moins grande réussite dans les tentatives d’arrêt du tabac, rappelle le Dr Gilles Jebrak, pneumologue de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard. Pour aider à l’arrêt du tabac, la FFAAIR suggère qu’on ouvre l’accès au forfait de 150 euros (3 fois plus élevé que le forfait classique) destiné au traitement par substituts nicotiniques (TNS) dont bénéficient déjà les patients de 20 à 30 ans, les femmes enceintes et les patients en ALD cancer.

L’EFA souhaite également une harmonisation des pratiques européennes : « Tous les pays européens ne reconnaissent pas la BPCO comme une maladie chronique, alerte Christine Rolland. La gratuité de la prise en charge n’est pas générale non plus. » Elle plaide notamment pour une approche multidisciplinaire des nombreuses comorbidités dont souffrent les patients BPCO.

Les associations vont donc rédiger un compte rendu des états généraux et les transmettre aux décideurs politiques.

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du Médecin: 9461