LES FEMMES diabétiques de type 1 qui restreignent leurs doses d'insuline sont à risque majoré de décès et de complications, rapportent Ann Goebel-Fabbri et coll. dans la dernière édition de « Diabetes Care ». L'information n'a en soi rien de surprenant, mais la nouveauté du travail de cette équipe d'Harvard est ailleurs. Il a pu, tout d'abord, chiffrer ces risques, ensuite, il a mis en évidence une association entre cette mauvaise observance thérapeutique et des troubles du comportement alimentaire. Ce que les auteurs nomment la « diaboulimie ».
L'étude a été menée sur onze ans, auprès de 234 femmes. Elle montre que 30 % des patientes diminuaient leurs doses d'insuline. Ce comportement a conduit à un risque de mortalité triplé, avec un âge moyen de décès de 45 ans, contre 58 ans chez les patientes observantes. De même, il existait une augmentation d'incidence des néphropathies et des pieds diabétiques.
La recherche d'un physique idéal.
L'analyse des dossiers révèle que les patientes décédées et qui négligeaient leur traitement décrivaient plus souvent des troubles du comportement alimentaire que celles qui, malgré une mauvaise observance, étaient encore en vie. Les troubles alimentaires allaient de pair avec la recherche d'un physique idéal. Il s'agissait de restrictions alimentaires, de boulimie, de vomissements provoqués… «Ce comportement constitue un facteur de risque significatif de mortalité», insiste A. Goebel-Fabbri.
Elle ajoute que ces patientes requièrent une prise en charge par des spécialistes compétents tout à la fois en diabétologie et en troubles du comportement alimentaire. En raison de leurs pathologies nutritionnelles, elles sont incapables d'utiliser tous les outils qui pourraient «leur sauver la vie».
Des travaux antérieurs avaient montré que les femmes diabétiques sont 2,5 fois plus souvent atteintes de trouble du comportement alimentaire que les femmes indemnes. Ces études avaient mis en évidence des signes évocateurs : élévation inexpliquée de l'HbA1c, épisodes d'acidocétose, forte préoccupation à propos du poids ou des formes, modification des habitudes alimentaires, exercices physiques intenses, aménorrhée.
« Diabetes Care », mars 2008.
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