Un patch libérant une protéine naturelle régénère le tissu cardiaque post-infarctus

Publié le 18/09/2015
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Les chercheurs espèrent des tests cliniques en 2017

Les chercheurs espèrent des tests cliniques en 2017
Crédit photo : Phanie

La greffe d’un biomatériau libérant une protéine impliquée naturellement dans le renouvellement des cellules cardiaques a permis à des souris et des cochons de retrouver une fonction cardiaque quasi-normale 4 à 8 semaines après un infarctus du myocarde. C’est ce que révèle une équipe internationale de chercheurs qui vient de publier les détails de ses travaux dans la revue « Nature ».

Depuis plusieurs années, de nombreuses équipes cherchent à découvrir un moyen pour régénérer le tissu cardiaque post-infarctus. En effet, les traitements médicamenteux actuellement disponibles visent principalement à améliorer le rendement de la pompe cardiaque, mais le tissu reste endommagé.

FSTL1

Le biomatériau utilisé par cette équipe est un patch en collagène, imprégné de follistatine-like 1 (FSTL1) – une glycoprotéine sécrétée par le cœur dans les conditions physiologiques, mais dont l’expression dans l’épicarde se perd au décours d’un infarctus, ce qui perturbe la capacité de régénération du muscle cardiaque.

Après avoir remarqué, dans leurs expériences de laboratoire, que la FSTL1 pouvait stimuler la division de cardiomyocytes en culture, les chercheurs ont décidé d’évaluer, chez l’animal post-infarctus, si un approvisionnement en FSTL1 directement dans le péricarde pouvait aider à régénérer le tissu nécrosé et pallier l’insuffisance cardiaque qui découle de la cicatrisation du tissu. Ils ont travaillé avec des souris et des cochons ayant subi une forme expérimentale d’infarctus du myocarde.

Testé chez en clinique dès 2017

Quatre semaines après la greffe, les auteurs ont observé une multiplication des cardiomyocytes, donc une régénération du tissu, une réduction de la cicatrice fibreuse et une amélioration de la vascularisation dans la zone infarcie. Chez des cochons dont l’infarctus avait provoqué une baisse de la fraction d’éjection ventriculaire gauche de 50 % à 30 %, la greffe a permis un rétablissement stable de la fonction à 40 %. L’équipe envisage de lancer des essais cliniques dès 2017.

« Nous sommes très excités à l’idée de tester cette approche en clinique, explique le Pr Mark Mercola, de l’Université de Californie, à San Diego. C’est commercialement rentable, attirant cliniquement, et on n’a pas besoin de médicaments immunosuppresseurs. » Cependant des experts, comme le Pr Philippe Menasché, de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (hôpital européen Georges-Pompidou), préviennent que cibler une seule molécule risque de ne pas suffire, vu la complexité de l’insuffisance cardiaque.

La thérapie cellulaire de l’équipe Menasché

En janvier 2015, l’équipe du Pr Menasché annonçait avoir réussi à insérer un patch biocompatible contenant des cellules progénitrices cardiaques dérivées de cellules souches embryonnaires dans le myocarde d’une patiente en post-infarctus. Cette dernière est aujourd’hui en bonne santé et, depuis, un deuxième patient, âgé de 81 ans, a également été greffé, indique le Pr Menasché.

Son équipe évalue en parallèle la possibilité de dupliquer les effets de cette thérapie cellulaire en utilisant uniquement les vésicules issues des cellules progénitrices, qui libèrent essentiellement des microARN. Leurs expériences, menées in vitro et in vivo chez la souris, se rapprochent en ce sens des recherches de l’équipe de Stanford. D’après le Pr Menasché, les deux approches pourraient être complémentaires. « Ça peut être complémentaire si les voix de signalisations impliquées ne sont pas les mêmes et qu’elles sont a fortiori synergiques. »


Source : lequotidiendumedecin.fr