«LE RÔLE de la fréquence cardiaque de repos en tant qu’indicateur de santé a été jusqu’à présent mésestimé», estime Xavier Jouven. La prise du pouls lors de l’examen physique en consultation donne des indications sur l’état général du patient. «Une élévation progressive de la fréquence cardiaque de repos au cours des ans doit servir d’alerte pour le médecin.»
Des travaux antérieurs avaient démontré un lien entre une fréquence cardiaque élevée au repos et un risque de mortalité augmenté. L’étude menée par l’équipe Avenir de l’Inserm Facteurs de risque de mort subite (unité 780 Épidémiologie et biostatistique), dirigée par Xavier Jouven, met en lumière l’influence d’un rythme de repos diminué.
La fréquence cardiaque au repos est un indicateur de l’effort produit par le coeur pour adapter l’afflux sanguin aux besoins de l’organisme.
Fréquence stable, augmentée ou diminuée.
L’équipe a suivi pendant cinq ans la fréquence cardiaque de repos d’un groupe de 4 320 hommes, âgés de 42 à 53 ans.
La mortalité a ensuite été suivie pendant vingt ans.
Les observateurs ont identifié trois groupes d’hommes, selon que leur fréquence cardiaque de repos est en moyenne stable, augmentée ou diminuée.
Ils observent une diminution du risque de mortalité de 18 % dans le groupe où le rythme cardiaque se réduit de plus de 7 battements par minute, comparativement au groupe où le rythme reste stable. Le chiffre est obtenu après correction pour les autres facteurs de risque classiques (âge, activité physique, tabac, indice de masse corporelle, cholestérol, pression artérielle systolique, glycémie).
Activité physique régulière.
A l’inverse, les hommes dont la fréquence cardiaque a augmenté au cours des cinq ans ont une élévation de 47 % de leur risque de mortalité.
«Même si on ne sait pas précisément pourquoi le pouls de repos fluctue au cours du temps, explique Xavier Jouven, la mesure qui permet le plus d’abaisser la fréquence cardiaque de repos est la pratique régulière d’un exercice physique régulier, à condition évidemment de (re) commencer progressivement.»
On estime qu’une fréquence cardiaque de repos comprise entre 60 et 80 bpm est dans les limites de la normale. Les athlètes et les sujets en excellente condition physique peuvent avoir des fréquences cardiaques de l’ordre de 40 ou 50 bpm au repos.
« Outre l’exercice physique, l’arrêt d’un tabagisme et l’adoption d’un régime alimentaire en cas de surcharge pondérale peuvent également permettre d’abaisser la fréquence cardiaque», précise X. Jouven.
Le programme Avenir
Xavier Jouven a été en 2001 lauréat du programme Avenir, destiné à soutenir des travaux scientifiques innovants de jeunes chercheurs titularisés et en postdoctorat. L’objectif est de permettre à ces scientifiques de mener plus facilement des projets originaux grâce à la mise à disposition de moyens très attrayants pendant trois ans : une aide financière de 60 000 euros, un espace d’environ 50 m2, l’accès à du matériel de pointe et, pour les postdoctorants, l’attribution d’une allocation mensuelle de 2 300 euros nets.
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