Une biopsie liquide pour dépister les hépatocarcinomes liés à l'infection par le virus de l'hépatite B

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Publié le 15/03/2019
Biopsie liquide

Biopsie liquide
Crédit photo : S. Toubon

Le dépistage du carcinome hépatocellulaire chez les patients à haut risque (cirrhose d’origine alcoolique, virale B ou C, ou due à l’hémochromatose génétique par exemple), consiste en la réalisation d'une échographie semestrielle. La recherche de moyens de dépistage non invasif est donc une piste importante pour en améliorer la précocité du dépistage.

Dans un article récent publié dans les « PNAS », les chercheurs du laboratoire d'état d'oncologie moléculaire du centre national du cancer de Pékin, dirigés par le Dr Chunfeng Qu, décrivent les résultats d'un test sanguin de dépistage doté d'une forte sensibilité et d'une forte spécificité. Ce test détecte la présence d'ADN circulant tumoral, ciblant plus particulièrement des séquences caractéristiques de mutations somatiques consécutives à l'intégration de l'ADN viral.

Patients à haut risque

Les auteurs ont recruté 3 793 patients séropositifs pour le VHB, et les ont divisés en 2 groupes, sur la base d'un dosage de l'alpha-fœtoprotéine (AFP) et d'un examen échographique. Un ensemble de 176 patients à haut risque d'hépatocarcinome a été ainsi identifié, parmi lesquels 70 ont effectivement développé un cancer du foie.

Lors de leur examens, certains de ces patients ont eu un résultat dépistage de l'hépatocarcinome était considéré comme positif (AFP >400 ng/mL, présence d'un nodule de plus de 2 cm, ou combinaison d'un AFP > 200 ng/mL et d'un nodule de plus de 1 cm) et ceux chez qui un hépatocarcinome était seulement suspecté (AFP > 20 ng/mL ou présence d'un nodule de moins de 1 cm). Les patients positifs ont été immédiatement pris en charge pour une IRM de confirmation et une éventuelle mise sous traitement, tandis que les patients suspects devaient bénéficier d'une surveillance active et d'une IRM dans les 2 mois suivant.

Les auteurs se sont appuyés sur ces 176 patients pour évaluer leur test de détection de l'ADN circulant, définir un seuil de détection et mettre au point un algorithme qu'ils ont appliqué lorsqu'ils ont proposé le test à 331 membres de la seconde cohorte : ceux chez qui le dosage de l'AFP et l'échographie n'avaient rien révélé de particulier.

Le test s'est révélé positif chez 24 patients, dont 4 ont développé un cancer au cours des 6 à 8 mois. Le test était en revanche négatif chez les 307 autres membres de la cohorte. La sensibilité était donc de 100 % la spécificité de 94 % et la valeur prédictive positive de 17 %. Les 4 cancers diagnostiqués l'ont été à un stage précoce (tumeur de moins de 3 cm).

« La sensibilité que nous avons calculée se base sur un nombre limité d'hépatocarcinomes, reconnaissent les auteurs, il est possible qu'elle soit modifiée par un suivi à long terme. Néanmoins, la valeur prédictive positive de 17 % est supérieure à celle de la mesure de l'AFP seule. »

Bien que le test évalué dans l'article soit spécifique aux hépatocarcinomes liés aux infections par le VHB, les auteurs estiment que des tests similaires pourraient être mis au point pour dépister des hépatocarcinomes d'autres étiologies.


Source : lequotidiendumedecin.fr