La colère des personnels des urgences ne s'est pas apaisée depuis la venue de la ministre de la Santé Agnès Buzyn au congrès des urgentistes le 6 juin dernier. Bien au contraire. En dépit de la visite surprise de la ministre à l'hôpital Saint-Antoine mercredi 12 juin en soirée [l'établissement d'où est parti le mouvement de grève], ce dernier continue de s'étendre. Le collectif InterUrgences dénombre désormais 101 services en grève, soit 20 % de la totalité des urgences. Mardi 11 juin, à l'appel de l'intersyndicale CGT-FO-Sud santé et CFE-CGC, les personnels ont manifesté à Paris. Une délégation a été reçue au ministère de la Santé. Elle appelle à poursuivre le mouvement et à être reçue directement par Agnès Buzyn. La ministre avait annoncé des mesures décevantes lors du congrès des urgentistes le 6 juin dernier, notamment une nouvelle mission ainsi que la rénovation et la sécurisation des locaux (confère notre billet du 6 juin dernier), sans pour autant faire de concessions financières.
En plus de ce plan urgences jugé insuffisant pour les personnels, la réaction d' Agnès Buzyn sur France Inter le mardi 4 juin n'est pas passée. Elle avait exprimé sa réprobation vis-à-vis des personnels de Lariboisière s'étant mis en arrêt maladie, les accusant de dévoyer la notion d'arrêt, après ceux du CH de Lons-le-Saunier réquisitionnés par les gendarmes. En réponse à la réaction de la ministre, Hugo Huon, infirmier à Lariboisière et interviewé par Mediapart, affirme: « La profession de soignant est la plus exposée au risque de tous les métiers, ce qui est confirmé par l'Observatoire sur la santé au travail. » Candice Lafarge, aide-soignante à Saint-Antoine, enfonce le clou : « La ministre Agnès Buzyn remet en cause la décision médicale d'un médecin qui a prescrit un arrêt. C'est insupportable. » Selon Maxime Gautier, médecin urgentiste à Lariboisière, les personnels qui se sont fait prescrire des arrêts ont reçu très tôt a posteriori des convocations pour des contrôles par l'assurance maladie. Ces dernières ont été ensuite annulées puis les personnels arrêtés ont reçu des convocations par la médecine du travail.
Au final, le collectif est tout de même invité à la première réunion le vendredi 14 juin sur la mission de « refondation » des services d’urgences. Quant au mouvement, il continue sa progression.
Regardez la vidéo du débat sur les urgences le 12 juin dernier.
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