Brève

Une cinéaste regarde un photographe

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Publié le 24/09/2020
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La photo est aussi un art de la mise en scène, c'est en tout cas la conviction de Mariana Otero qui consacre au photographe Gilles Caron un très beau film. C'est aussi un témoignage, un engagement qui traverse le temps. La carrière de Gilles Caron est météorique. Elle commence en 1966 et s'achève tragiquement en 1970 sur une route du Cambodge. Mais ses photos se sont imposées dans la mémoire collective davantage que des reportages ou des films. Mai 68 en France peut se résumer par une photo, celle de Daniel Cohn-Bendit narguant un CRS. Cette photo iconique n'a pas été obtenue par hasard. En retrouvant les planches contacts du photographe, Mariana Otero retrace le long travail qui a précédé le moment de la photo, comment Gilles Caron change de place, bouge, s'immerge dans la foule, capte le regard de Dany qui a perçu la présence du photographe avant de trouver le bon cadrage. Bref, cette photo célèbre n'est pas le fruit du hasard. Et exigeait un bon comédien, Daniel Cohn Bendit par exemple. Avant, Gilles Caron a réussi des scoops mondiaux comme ces photos de juin 1967 pendant la guerre des six jours où des militaires israéliens embrassent le Mur des lamentations. Comment expliquer la présence de photographe sur ces terrains de guerre? Peut-être par son expérience comme soldat en Algérie. Mariana Otero nous livre les extraits de ses lettres adressées à sa mère où il exprime sa rage, son désespoir face à ce qui étaient décrites comme des opérations de police. Ou comment une conscience se forge, se construit pour témoigner ensuite avec toujours pour guide le respect de l'autre et une profonde humanité.  Il falait peut-être le regard d'une cinéaste pour rendre hommage à un photographe.    

 

 

Histoire d'un regard de Mariana Otero, DVD, chez Diaphana Editions.


Source : lequotidiendumedecin.fr