« Une première biothérapie dans la dermatite atopique »

Publié le 20/12/2018
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bourgault

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Crédit photo : DR

« Les progrès marquants très médiatisés concernent les cancers cutanés, pour lesquels de nouveaux traitements prometteurs comme l’immunothérapie sont disponibles. Il me semble cependant intéressant de pointer les avancées, tout aussi importantes mais moins connues, dans le domaine de la dermatite atopique.

Cette maladie inflammatoire chronique très prurigineuse évolue par poussées et altère la qualité de vie des patients. Elle affecte 30 % des enfants, de 2 à 10 % des adultes, et sa prévalence a été multipliée par 3 en 30 ans.

Sa physiopathologie est complexe et fait intervenir des réactions immunitaires à des antigènes environnementaux rendues possibles à la fois par une altération structurelle de la barrière cutanée (comme un déficit en filagrine, protéine d’adhésion des kératinocytes, présent chez 30 % des patients) et par un terrain génétique particulier. En effet, la réaction immunitaire est de type Th2 où des lymphocytes T CD4 produisent des cytokines inflammatoires comme l’IL4 et l’IL13.

Jusqu’ici le traitement reposait sur l’application d’émollients pour restaurer la barrière cutanée, de dermocorticoïdes et d’immunosuppresseurs topiques pour mettre le système immunitaire au repos et, dans les cas sévères, sur la prise de cyclosporine, seul médicament systémique ayant l’autorisation de mise sur le marché (AMM).

En 2018, une première biothérapie (le dupilumab, anticorps humanisé dirigé contre les récepteurs de l’IL4 et de l’IL13) a eu l’AMM chez l’adulte dans la dermatite atopique après échec de la cyclosporine. D’autres molécules sont à l’étude : anti-JAK-kinase (tofacitinib) pour inhiber l’activation des lymphocytes T ; antirécepteur d’IL31 (nemolizumab) car l’IL31 « cytokine du prurit », active les récepteurs de fibres sensitives cutanées ; inhibiteurs de phosphodiestérase 4 (crisaborole).

L’arrivée de traitements systémiques complémentaires devrait permettre de limiter les applications des topiques et d’améliorer les patients. Restera la question de leurs coûts. »

 

 

 

Propos recueillis par le Dr S. P.

Source : Le Quotidien du médecin: 9712