Malformation cardiaque congénitale chez l'enfant

Une première française au CHU de Bordeaux

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Publié le 07/09/2017
chirurgie cardiaque

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Crédit photo : MAXIMILIAN STOCK LTD/SPL/PHANIE

"Nous avions le cas d'une petite fille de 4 mois et de presque 4 kg, ayant déjà subi trois opérations à cœur ouvert pour réparation d’une malformation congénitale de la valve mitrale dans ses premiers mois de vie sans réussite complète. La seule solution restante était la pose d'une prothèse mécanique. Mais il y a à la fois un problème de taille chez l'enfant - cette enfant nécessitait une prothèse de 12 mm quand la plus petite existante fait 18 mm - sans compter la problématique d'un traitement anticoagulant à vie, difficile à équilibrer chez l'enfant. Nous étions donc devant un pronostic sombre, une impasse thérapeutique".

"Nous nous sommes du coup penchés sur une nouvelle technique développée à Boston (USA) associant l’implantation hybride à cœur ouvert d’une valve biologique cousue sur un stent - posée habituellement par un abord vasculaire".

Cette prothèse (Melody, Medtronic) a été développée et implantée pour la première fois en France au cours de l’année 2000- elle est dédiée au cathétérisme du cœur droit et au remplacement de la valve pulmonaire en alternative à la chirurgie chez l’enfant et l'adulte. Le stent est conçu pour être dilaté sur des ballonnets entre 16 et 22 mm. Néanmoins il semblait y avoir un bon fonctionnement de la valve même avec un stent moins ouvert dès 12-14 mm ce qui rendait envisageable son utilisation chez cette enfant de moins de 4kg. Sauf que chez l'enfant les vaisseaux sont trop petits pour emmener le stent.

Une technique hybride inédite

"On a donc imaginé une technique de pose hybride associant la pose de cette prothèse à cœur ouvert par un chirurgien cardiaque, la dilatation du stent par un cathétériseur puis sa suture sur l’anneau mitral par le chirurgien. Cette technique expérimentale a été tentée chez cette enfant en grande défaillance cardiaque, hospitalisée en secteur de réanimation cardiaque congénitale depuis des semaines et sans autre possibilité thérapeutique. Il s'agit d'une première française, réalisée au CHU de Bordeaux en étroite collaboration entre chirurgiens, cathétériseurs, réanimateurs et échographistes en mai 2017. Et elle s'est avérée être un succès. L'état de l’enfant s’améliorant rapidement, il a enfin pu retourner à la maison", résume JB Thambo. "Ce qui ouvre à l'avenir de nouvelles perspectives chez les enfants de tout petits poids en échec après chirurgie mitrale" conclut-il.

D'après un entretien avec le Pr Jean Benoit Thambo (Hôpital Cardiologique du Haut Lévêque,Pessac)

Pascale Solere

Source : lequotidiendumedecin.fr