Pression Positive Continue dans les troubles respiratoires du sommeil

Une prescription encadrée par un nouveau décret 

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Publié le 28/02/2018
Pr Davy

Pr Davy
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De plus en plus de cardiologues prennent en charge le syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS), tant pour son diagnostic que pour le traitement par pression positive continue (PPC).

Une implication logique puisque les apnées du sommeil sont un facteur de risque cardiovasculaire et que la majorité des pathologies cardiovasculaires sont caractérisées par une prévalence élevée du SAOS, qu'il s'agisse de l'HTA, de l'insuffisance cardiaque, de l'infarctus du myocarde ou des accidents vasculaires cérébraux. 

"Sur le site Ameli, 950 cardiologues sont référencés comme pratiquant l'exploration du sommeil, soit 20% des cardiologues libéraux, sur un total de 3500 médecins toutes spécialités confondues impliqués dans ce domaine ", précise le Pr Jean-Marc Davy. "Il s'agit donc d'un enjeu important pour la spécialité". 

Une attestation professionnelle spécifique dès 2020

Les conditions de prise en charge de la PPC en termes d'indications, de prestataires et de qualification des prescripteurs ont été modifiées par un décret récent, paru au JO le 16 décembre dernier. Le texte stipule notamment que l'accès à la prescription de la PPC sera soumis, à partir du premier janvier 2020, à une attestation de développement personnel continu spécifique sommeil. "Il s'agit d'une évolution importante pour les cardiologues car dans le projet initial, seuls les pneumologues et les titulaires d'un diplôme universitaire "sommeil" étaient prévus", rappelle le Pr Davy qui souligne que les cardiologues ont un peu moins de deux ans pour satisfaire cette nouvelle obligation.

"La Société française de cardiologie, le Syndicat national des spécialistes des maladies du cœur et des vaisseaux, le Collège national des cardiologues français et celui des cardiologues des hôpitaux vont donc offrir des formations pour répondre à cette demande", poursuit le Pr Davy.

En pratique, pour les cardiologues actuellement prescripteurs, un parcours de développement professionnel continu de 6 heures (dont 3 présentielles) donnera lieu à la délivrance d'une attestation par le Conseil national professionnel, qui devra ensuite être validée par le Conseil national de l'ordre des médecins. "Et la porte est bien sûr grande ouverte pour les nouveaux prescripteurs, pour lesquels un parcours de DPC de 40 heures est en cours de finalisation", précise le Pr Davy. 

Améliorer l'observance par télésuivi

"Le décret indique également que le prêt d'un appareil par un prestataire de service à un médecin n'est pas autorisé. Il s'agit globalement d'un texte équilibré, qui insiste sur l'amélioration de l'observance au traitement grâce au télésuivi. Le forfait de prise en charge dépendra de la qualité de l'observance. Le cardiologue a un rôle important à jouer à cet égard, car l'observance est un des paramètres clés de l'efficacité de la PPC".

"Alors qu'il y a une association épidémiologique solide entre le SAOS et les pathologies cardiovasculaires, les études évaluant l'impact de la PPC sur ces maladies ont donné des résultats neutres ou délétères, avec un gros problème d'observance dans l'étude SAVE en post-infarctus. C'est en s'impliquant dans la qualité de l'observance que les cardiologues pourront démontrer l'intérêt de la PPC", conclut le Pr Jean-Marc Davy. 

D'après un entretien avec le Pr Jean-Marc Davy, CHU de Montpellier

Dr Isabelle Hoppenot

Source : lequotidiendumedecin.fr