Dermatologie esthétique et correctrice

Une structure confraternelle de vigilance

Publié le 18/03/2013
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La dermatologie esthétique et correctrice est un champ de compétence assez récent, qui s’est beaucoup développé depuis une vingtaine d’années. Le gDEC (groupe de dermatologie esthétique et correctrice), groupe thématique de la Société française de dermatologie (SFD), a été créé il y a 7 ans afin de répondre à la double demande des patients, de plus en plus nombreux à vouloir bénéficier de gestes esthétiques correcteurs pour des pathologies affichantes ou pour corriger le vieillissement cutané, et des dermatologues désirant être formés.

Le but du gDEC est de proposer une formation structurée, à travers un volet universitaire au cours du DES de dermatologie, puis d’une formation médicale continue (FMC) grâce à un congrès annuel dédié (Journées de dermatologie interventionnelle de Paris-JDIP, avec les groupes chirurgie et laser de la SFD), à des ateliers et des formations spécifiques, pour que la dermatologie esthétique et correctrice soit pratiquée avec une volonté d’éthique et de rigueur, comme tous les autres champs d’activité de la dermatologie.

Les techniques de dermatologie esthétique et correctrice associent l’utilisation de la toxine botulique, les techniques de comblement et la volumétrie, les peelings et les lasers, les autres sources lumineuses et techniques apparentées (un dermatologue sur deux a au moins une activité laser), sans oublier la cosmétologie dite active. Ce domaine spécifique est caractérisé d’une part par des évolutions technologiques constantes et rapides et, d’autre part, par le recours à des substances qui, pour la plupart,

n’ont comme gage de qualité qu’un marquage CE. « Or ce marquage, qui n’a pas les exigences du label "autorisation de mise sur le marché", n’est pas un indice de sécurité du produit ou du matériel. La responsabilité du médecin est donc engagée de façon inhabituelle, puisqu’il n’a pas forcément une connaissance exhaustive des effets indésirables comme cela est le cas pour les médicaments. Ceci nous a conduit à mettre en place un système de vigilance, pour les cosmétiques, les produits injectables, les peelings, les lasers et appareils à lumière et radiofréquence », explique le Dr Thierry Michaud. « Il ne s’agit pas d’un système venant en concurrence avec ceux mis en place par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament), qui portent notamment sur la traçabilité des produits, mais d’une structure confraternelle, qui permet aux dermatologues (mais aussi aux autres médecins) de signaler la survenue d’un effet indésirable et de partager leurs connaissances. »

VIGIDEC, qui utilise les outils internet, est un système qui se veut très réactif, au service des confrères. Une structure spécialisée d’experts analyse la déclaration d’effet indésirable, notamment pour éliminer une éventuelle faute technique qui serait à l’origine de l’événement rapporté. Les cas sont ensuite discutés, à huis-clos pour des raisons de confidentialité, par un cercle d’experts d’une soixantaine de membres du gDEC, qui émettent un avis après analyse de la littérature. Le praticien qui avait déclaré le cas peut être directement contacté pour bénéficier de conseils. Et si l’information est pertinente, elle est mise en ligne. Ceci permet notamment d’avoir une vigilance accrue par rapport à des effets secondaires préalablement décrits. En cas de signaux répétés concordants, des messages de vigilance activée sont adressés aux membres du gDEC et aux médecins déclarants.

« Ce système ne dispense pas, bien sûr, de l’obligation de déclaration des effets indésirables graves à l’ANSM. Il permet également d’alerter les fabricants et de leur rappeler que les dermatologues, experts scientifiques de la peau, sont extrêmement vigilants sur la qualité des produits. Ceci ne peut que pousser vers l’excellence », note le Dr Michaud.

Des rapports réguliers sur les incidents rapportés lors de la vigilance sont faits auprès du CETDEI (Commission d’évaluation des techniques en dermatologie esthétique et interventionnelle), commission mise en place par la SFD dont le rôle est d’émettre des avis s’appuyant sur des données scientifiques et l’analyse de la littérature en exigeant des niveaux de preuve suffisants.

D’après un entretien avec le Dr Thierry Michaud, Président du groupe thématique Dermatologie esthétique et correctrice de la Société française de dermatologie, Mulhouse.

 Dr Isabelle Hoppenot

Source : Bilan spécialistes