Exit le risque de SEP... Ce serait plutôt le syndrome de Guillain Barré (SGB) dont le risque augmenterait - faiblement - après une vaccination anti HPV, « de l’ordre de 1 à 2 cas pour 100.000 jeunes filles vaccinées »..Tel est le résultat d’une vaste étude menée par l’ANSM, conjointement avec la CNAMTS, dans le cadre de sa mission de surveillance du Gardasil et du Cervarix, sur une cohorte de plus de 2 millions de jeunes filles.
Ces vaccins sont recommandés par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) chez les jeunes filles entre les âges de 11 et 14 ans avec un rattrapage limité jusqu’à 19 ans révolus. Et, depuis leur mise sur le marché, ces vaccins font l’objet d’une surveillance renforcée par les autorités françaises et européennes. Une vigilance qui n’a jusqu’à présent pas mis en évidence d’éléments remettant en cause la balance bénéfice-risque de ces vaccins. Pour autant, l’Ansm et l’Assurance Maladie ont entrepris cette étude en juillet 2014 pour rechercher l’existence d’une éventuelle association entre la vaccination anti-HPV et la survenue d’une MAI dans cette immense cohorte que représentent les jeunes filles affiliées au régime général de l’assurance maladie.
L’étude menée, observationnelle longitudinale de type exposé (au vaccin anti-HPV) / non exposé a été menée parmi les jeunes filles âgées de 13 à 16 ans entre 2008 à 2012, identifiées et suivies à partir des données du SNIIRAM et du PMSI. Cette vaccination étant remboursée depuis juillet 2007.
Les jeunes filles devaient avoir de 13 à 16 ans entre le 1er janvier 2008 et le 31 décembre 2012, être affiliées au régime général, avoir eu au moins un recours aux soins (visite médicale ou autre prestation) dans les 2 ans précédant l’inclusion, ne pas avoir reçu de vaccin anti-HPV avant leur inclusion et ne pas avoir d’antécédent de MAI. Les jeunes filles ont été incluses dans la cohorte le 1er janvier 2008, ou à leur 13e anniversaire si celui-ci survenait plus tard. Elles ont été suivies jusqu’au 31 décembre 2013, ou jusqu’à leur 17e anniversaire (en raison de la fréquence du changement de régime d’assurance maladie après cet âge).
Quatorze maladies pouvant être dues à un processus auto-immun et pouvant être identifiées à partir des données disponibles ont été sélectionnées avec le comité scientifique de l’étude : - affections neurologiques (affections démyélinisantes du système nerveux central et syndrome de Guillain Barré), - rhumatologiques (lupus localisé ou systémique, vascularites, polyarthrite rhumatoïde, myosite ou dermatomyosite, syndrome de Gougerot-Sjögren), - hématologiques (purpura thrombopénique immunologique), - endocriniennes (diabète de type 1, thyroïdites, pancréatites) - et gastro-intestinales (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, maladie coeliaque).
Une cohorte de 2 256 716 jeunes filles, de 13,5 ans d’âge moyen au début de leur suivi a ainsi pu être constituée. Près de 33% des adolescentes ont été vaccinées, 93% par Gardasil® et 7% par Cervarix®). L’âge moyen à la première dose de vaccin anti-HPV était de 15 ans. La durée moyenne de suivi était de 25,3 mois pour les non vaccinées (environ 4,7 millions de personnes années au total) et 19,8 mois pour les vaccinées (environ 1,4 million de personnes années).
Au cours de ce suivi, 3 974 cas de MAI ont été identifiés (2 978 chez les non vaccinées et 996
chez les vaccinées). L’analyse n’a pas mis en évidence d’augmentation significative du risque de MAI chez les jeunes filles vaccinées comparativement aux non vaccinées. Mais une association statistiquement significative avec le vaccin anti-HPV a été mise en évidence pour deux événements d’intérêt : les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) et le SGB. Pour les MICI, l’association n’a pas été retenue par le Comité scientifique qui estime que « Compte tenu de la faiblesse du risque de MICI, la très faible association statistique mise en évidence ne permet pas de conclure à un sur-risque pour cette pathologie. De plus, la littérature ne suggère pas que la vaccination (de manière générale) soit un facteur de risque maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ».
En revanche, « le résultat concernant l’augmentation du risque de SGB après vaccination anti-HPV paraît robuste au regard des résultats des analyses de sensibilité et en sous-groupes ». Et ce syndrome est un risque connu. Sur les 842 120 adolescentes vaccinées, 19 cas de SGB ont été identifiés contre 21 cas dans la population non vaccinée. Ce syndrome survenait en moyenne dans les 3 mois suivants la vaccination. Aucun caractère particlier de gravité n’a été constaté. 40% des 19 jeunes filles vaccinées et atteintes de SGB ont été hospitalisées. Et aucun événement fatal n’a été déploré.
Au final, cette étude autorise les deux institutions, Ansm et Cnamts, relayées par la DGS, à conclure que « les résultats de cette étude ne remettent pas en cause la balance bénéfice-risque pour les vaccins concernés ». Les campagnes d’incitation à la vaccination devraient reprendre rapidement en France. La couverture vaccinale contre le HPV n’atteignait pas 20% en France, alors qu’elle dépasse les 70% dans les pays d’Europe qui, comme la France, vaccinent.
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