Des internautes ont remis en question les résultats d’une enquête de l’Intersyndicale des internes de médecine générale (Isnar-IMG), selon laquelle les futurs généralistes seraient disposés à s’installer en libéral. Un interne leur répond.
Ah, les commentaires de tous ces vieux médecins bourrés de préjugés et absolument persuadés que leur expérience personnelle est supérieure aux études réalisées…
Vous étiez où, depuis les années 70, quand le numerus clausus a été créé et resserré chaque année ? Je vais vous le dire : derrière les pouvoirs publics. Moins de médecins, c’est moins de concurrence, plus de boulot, et une rente à la vente du cabinet.
Vous étiez où quand la formation est devenue totalement centrée sur les CHU et que plus aucun étudiant en médecine n’a vu la porte d’un cabinet pendant ses 10 ans d’études ? Oh, dans vos cabinets à bosser !
Vous étiez où quand les pouvoirs publics ont fermé les lignes de train, les bureaux de poste, les maternités, les hôpitaux de proximité ? Tranquilles devant votre télé, et vous n’avez jamais mis les pieds dans une manif !
Vous étiez où quand les internes bossaient 90 heures par semaine parce qu’il faut « se dévouer à l’hôpital public » ? Avec eux à les encourager, ou à fouetter les « faibles » ? Vous avez juste oublié le principe du capitalisme : si quelqu’un bosse comme quatre, pourquoi embaucher quatre personnes au lieu d’une ?
Les jeunes médecins veulent travailler, veulent soigner les gens, et pas seulement distribuer des sirops et des antibios au moindre rhume, traiter l’insomnie par ses causes et non gaver les gens de benzodiazépines. Vos vieilles pratiques et votre complaisance envers le système nous ont menés à la situation d’aujourd’hui.
Alors soyez dignes, responsables, et arrêtez d’accuser les autres pour le désastre que vos 40 ans de carrière ont créé. Arrêtez d’inventer des prétextes bidon, des stigmatisations basées sur votre mauvaise foi et de prétendre que la situation démographique est difficile car « les jeunes ne veulent pas travailler » ou à cause de la « féminisation de la profession ».
Les jeunes maîtrisent en quelques années ce que vous avez mis toute votre vie à apprendre péniblement : IRM, échographie, scintigraphie, informatique, installations de groupe… Ils signent des contrats avec l’État pour s’engager dans les déserts (pas que médicaux). Et vous, vous faites quoi ? Vous vous plaignez que personne ne veuille reprendre votre cabinet. Posez-vous les bonnes questions ! Pourquoi personne n’en veut, si tant de médecins sont formés autour de vous ? Que font tous ces jeunes ? Ils se mettent au chômage ? Ils se reconvertissent dans la vente de crêpes ou la naturopathie ? Non, ils s’installent et bossent.
Les raisons du désastre actuel sont nombreuses et on sera certainement tous d’accord sur plein de choses, mais pointer les jeunes du doigt, c’est violer le serment d’Hippocrate, et contre-productif.
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