Coup de gueule, coup de cœur, avis d’expert ou témoignage… La rédaction du « Quotidien » distingue chaque semaine un ou plusieurs commentaires, parmi les centaines postés au fil des jours par les lecteurs internautes.
Alors que la 16e édition du Congrès du collège de médecine générale (CMGF) ouvrait ses portes ce jeudi matin à Paris, son président, le Pr Paul Frappé s’est frotté avec humour à un exercice de « science-fiction ». Celui d’imaginer l’état de la médecine générale dans une centaine d’années, à l'heure où la profession est aujourd'hui confrontée à « une crise identitaire » accentuée par le contexte politique. Un exercice qui a fait réagir ce lecteur.
La grande difficulté de la médecine générale, quand on se donne la peine de bien la pratiquer, c’est le diagnostic. La plupart des choses sont protocolaires en médecine. Quand on a un diagnostic, la conduite à tenir est trouvable sur internet. Nos amis spécialistes ont pour principale difficulté de devoir toujours rester au top de leur pratique et c’est leur mérite. Nous, généralistes, devons adapter des arbres diagnostiques et décisionnels fournis pendant nos études à des patients qui ne rentrent pas souvent dans les cases (ça dépend, ça dépasse comme dirait l’autre).
Ce travail de diagnostic est parfois passionnant car la consultation se déroule souvent comme une enquête policière. L’intuition est toujours de la partie et c’est ce qui est insupportable pour nos dirigeants. Pourtant, l’expérience et la bonne connaissance du patient amènent à des diagnostics précoces à moindre frais. Encore faut-il avoir confiance en soi, et que le patient ait confiance en nous. Cette médecine dépouillée de médecin traitant qu’on nous annonce sera une catastrophe budgétaire.
Une douleur thoracique dans mon cabinet résulte 9 fois sur 10 après un examen clinique d’une douleur intercostale. La même dans n’importe quel accueil médical ou en téléconsultation entrainera des examens complémentaires pour minimum 2 fois le prix de notre consultation (D-dimères + troponine + Rx pulm = 54 euros).
En nous suggérant de voir davantage de patients dans une journée, en nous méprisant avec des tarifs bas et bloqués, en négligent notre savoir-faire principal qu’est le diagnostic, nous perdons tous progressivement la « foi » en notre métier pour au final, parfois dépité, céder à la facilité, au confort psychologique et à la crainte du procès.Alors en veux-tu en voilà du scanner, de l’endoscopie, de la biologie… Peu importe le prix pour l’instant, comme pour la covid, budget illimité. La priorité est de fournir des médecins à tout le monde. Mais un jour, comme pour les retraites, il faudra payer l’addition…
Message posté le 23 mars 2023. Voir tous les commentaires sur le sujet : « "Par pitié, ne jouez pas avec notre humanisme" : le plaidoyer du Pr Paul Frappé au congrès de la médecine générale
C’est vous qui le dites
« Se priver du libéral, c'est se priver d'une médecine à moindre coût »
C’est vous qui le dites
« En 5 heures, ils gagnent 2 000 euros défiscalisés »
C’est vous qui le dites
« Il en faut du courage pour vouloir devenir médecin aujourd’hui ! »
C’est vous qui le dites
« On m’a rapporté des consultations de généralistes à 150 euros »