Le samedi matin, je travaille à tour de rôle avec mon associée au cabinet médical pour assurer les consultations libres. Le fait de ne pas prendre les patients sur rendez-vous génère une crainte de finir très tard les consultations ; ce qui est souvent le cas.
Le 25 juillet j’assurais la permanence des soins le samedi matin, et à mon arrivée après les visites à 9 h 30, une foule attendait sagement en respectant les consignes de distanciation + masques. Les problématiques exposées n’étaient pas très complexes, et m’ont permis de rapidement voir les patients.
Parmi ces derniers, une touriste qui travaille à la Sécurité Sociale, très inquiète car elle avait une colite. Après un examen clinique complet, et avoir pris en compte à l’interrogatoire de quelques écarts alimentaires, je lui ai prescrit un traitement antispasmodique.
C’est alors que cette personne a pris la parole pour reconnaître le travail des médecins durant le COVID-19, et leur disponibilité tout au long de cette difficile période. Par la suite, elle a évoqué sa situation sans réelle complaisance. Entre la mi-mars et le début juin, elle est restée chez elle, et elle a gardé ses enfants. Durant cette période elle n’a pas travaillé (pas même en télétravail) car cela n’était pas possible. Malgré cet absentéisme, elle a touché la totalité de son salaire, et a même reçu une prime !
Aucun libéral n'a reçu de prime !
Ces propos m’ont choqué. Notre président, et son aréopage (ministres et députés) ont permis à certains concitoyens de recevoir une prime et pour certains une médaille. Quelques citoyens œuvrant dans le domaine de la santé en ont bénéficié : des infirmières, des aides soignantes, des administratifs (même ceux qui étaient en télétravail), quelques médecins. Dans le secteur libéral, aucun praticien, et aucun paramédical n’ont reçu de primes.
Or il ne faut pas l’oublier les libéraux sont et ont été sur le pont pour affronter cette pandémie dès le premier jour. Nombreux sont ceux qui, restés à leur poste de travail, ont accepté sans difficulté de prendre en charge leurs patients, et parfois ceux des autres. Certains ont travaillé au sein d’unités Covid pour aider les collègues hospitaliers débordés ; ils n’ont obtenu pour cette participation aucune rémunération pour la plupart. Pire, certains ont pris des risques démesurés (certains l’ont payé de leur vie) pour respecter le serment d’Hippocrate !
De tels engagements nous avons également pu les observer chez les externes et internes, mais aussi tous les professionnels qui ont travaillé pour certains plus que 35 heures par semaine pour le bien du pays. Comment dans ce contexte, peut-on accepter que des personnes, qui se sont mises à l’écart suite à ce fléau, puissent recevoir en plus de la totalité de leur salaire, une prime !
Lorsque je fréquentais les bancs de l’école primaire, notre instituteur finissait toujours la classe par une leçon de morale. Je pense que cela manque quelque peu à nos concitoyens et nos politiques. Notre société ne reconnaît plus les gens qui ont des valeurs, et méritent toute la reconnaissance de la patrie (...)
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