Courrier des lecteurs

Prime Covid : pourquoi pas eux ?

Publié le 15/12/2020

L’État a versé une prime dite Covid via les établissements MCO publics ou privés à tous les salariés. Cette prime varie entre 500 et 1 500 euros en fonction des régions et du nombre de patients reçus dans l’établissement. Elle est justifiée, méritée et l’État s’est montré reconnaissant vis-à-vis du personnel soignant pour son implication dans la pandémie.

Mais quelles sont les raisons qui peuvent expliquer qu’un salarié employé par un professionnel libéral, qui lui aussi s’est impliqué dans la pandémie, ne puisse bénéficier de cette prime ? Il s’agit en l’occurrence de secrétaires, laborantins, aides opératoires ou anesthésistes, ambulanciers, manipulateurs et bien d’autres encore. Ce sont des personnes qui ont eu une attitude remarquable au contact des patients sans protection, certains contaminés. Leur seul tort : avoir comme employeur un professionnel de santé libéral.

Dans mon établissement, qui a reçu de nombreux patients atteints du Covid, les manipulateurs leur ont fait au minimum un scanner à leur entrée et tous les jours une radio du thorax au lit pour ceux hospitalisés en réanimation. N’oublions pas non plus les ambulanciers qui sont allés chercher des patients à leur domicile, sans aucune protection, puis les ont transportés dans leurs véhicules en contact direct avec eux. Comment expliquer à une secrétaire qu’elle ne mérite pas de prime contrairement à sa voisine de bureau salariée par la clinique ?

Les salariés de libéraux pénalisés

Cette inégalité est-elle légale ? Je ne le pense pas. Qu’elle soit injuste, j’en suis certain. Aucune réponse concernant cette injustice de la part des représentants de l’État ou des politiques. Nous sommes des libéraux et nous l’assumons, mais nos collaborateurs ne méritent pas le mépris. C’est un ressentiment justifié qui laissera des traces. Leur seul tort est d’être employé par un professionnel de santé libéral.

Par ailleurs, cette situation montre les limites du syndicalisme médical fragmenté en de multiples chapelles avec plus de dirigeants que d’adhérents. Nous recevons une belle leçon de la part de la fédération hospitalière privée, unique représentant des établissements libéraux et qui, sous l’impulsion de son président, a su s’imposer en réclamant l’égalité avec le secteur public.

Il est grand temps que l’État se ressaisisse, qu’il reconnaisse son erreur, son ignorance du fonctionnement de la médecine libérale et que les politiques, plutôt que se réfugier derrière l’administration, assument leurs politiques et leurs responsabilités vis-à-vis des soignants quels qu’ils soient.

Vous souhaitez vous aussi commenter l'actualité de votre profession dans le « Quotidien du Médecin » ? Adressez vos contributions à jean.paillard@lequotidiendumedecin.fr.

Dr Patrick Souteyrand, Médecin radiologue, Clinique du Parc, Castelnau-Le-Lez (34) Élu URPS-ML Ancien président de la FNMR.

Source : Le Quotidien du médecin